Messe d’Au revoir du Père Michel
Frères et sœurs, bien-aimés dans le Christ, réunis dans cette Église de la Visitation, le Christ veut, une fois de plus nous nourrir de sa Parole qui est source de vie. Plusieurs thèmes peuvent être abordés au regard des textes que nous venons d’écouter.
Dans l’évangile, nous voyons Jésus réclamer un amour prioritaire face à tous ceux qui nous sont les plus chers, comme un père, une mère, un fils, ou une fille, bref, un membre de famille très aimé. On s’étonnerait peut-être de cette attitude de Jésus et pourtant, Jésus n’émet pas une idée originale. C’est qu’il reprend en écho le tout premier commandement de Dieu donné à Moïse pour le peuple d’Israël sur le Mont Sinaï : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Deutéronome 6,4-5). Oui, Dieu mérite d’être aimé au-dessus de tout.
Ainsi, à l’exemple des Apôtres qui ont refusé d’obéir au Conseil suprême et au grand prêtre lesquels voulaient les obliger à ne plus parler de Jésus, nous sommes appelés à opérer à certains égards un choix en faveur de Dieu face à certaines contraintes des hommes et du monde. Ils disaient en fait : « Il nous faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5, 29). En agissant ainsi, nous nous associons comme eux, à la mort et à la vie de Jésus dont nous parle Saint Paul dans la lecture d’aujourd’hui.
En effet, morts au péché avec le Christ, nous participons à sa résurrection pour la vie éternelle. Nous devenons des êtres renouvelés dont la vie tire son modèle dans le Christ qui a passé toute sa vie à faire du bien. (Actes 10,38). Aujourd’hui, il nous propose d’accueillir chez nous l’étranger. (Mt25,35). Cette invitation se retrouve tant dans la première lecture que dans l’Évangile que nous venons d’écouter. C’est dire jusqu’à quel point ce message d’hospitalité est parmi les thèmes essentiels sur lesquels nous devons méditer aujourd’hui et dont il faut fournir l’effort de concrétiser dans notre vie.
Cette femme riche de Sunam qui a accueilli le prophète Elisée a semé dans une terre fertile dont elle a cueilli un fruit jamais soupçonné jusque-là : un fils. Oui, elle a enfin eu un fils, elle qui pourtant se savait stérile et dont le mari était très âgé. Ce récit nous rappelle celui d’Abraham qui, ayant également accueilli des étrangers de passage, obtint la promesse d’un fils, Isaac, avec sa femme Sara, une femme stérile et tous les deux avancés en âge. (Genèse 18,1-15) ; ou encore celui d’Elisabeth stérile qui enfanta Jean le baptiste de Zacharie, un mari qui était tout autant avancé en âge comme elle. (Luc 1,36). « Car rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1,37). Dieu est celui qui récompense les bons actes. Si nous exerçons une franche hospitalité vis-à-vis de nos prochains, nous exprimons par là-même notre amour vis-à-vis de Dieu qui est dans le prochain. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25, 40). En outre, Dieu n’attend pas que nous fassions l’impossible. Notre geste d’amour doit simplement être motivé par un sentiment de bienveillance émanant de notre cœur en toute simplicité et sincérité. Oui, dit-il, « même un simple verre d’eau fraiche offert » peut nous devenir une source de grâce et de bénédiction. Jean Rodhain disait : « Nul n’est trop pauvre pour n’avoir rien à partager et nul n’est trop riche pour n’avoir rien à recevoir » (Fondateur du Secours catholique).
Faisons un examen de notre conscience. Quel est mon sentiment face à l’immigré qui a croisé mon chemin ? Quelle a été la nature de mon geste de charité auprès de l’étranger que j’ai soutenu ? Car comme le disait Raph Waldo Emerson, « vaines et inutiles sont toutes les offres d’hospitalité s’il n’y a pas de fête dans le regard ». Savez-vous qu’un sourire peut mieux fortifier un corps affaibli qu’un morceau de pain offert sans joie ? Faisons accompagner nos gestes de charité de la gratuité de cœur.
Puisse le Seigneur nous aider à l’aimer par-dessus tout, à vivre nos engagements baptismaux et à ouvrir notre cœur au service de notre prochain. Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, Amen !
Donat Michel Tembo Umba