Un cadeau à Dieu pour la saint Valentin
Aujourd’hui, c’est la fête de la saint Valentin : vous allez peut-être penser que je m’égare complètement, entraîné par le matraquage publicitaire lié à cette fête des amoureux. Il n’en est rien, puisque je pense que s’il y a un amoureux que je dois honorer en ce jour c’est Dieu lui-même, ce Dieu qui nous convoque tout spécialement à revenir à lui à travers ce temps exceptionnel qui nous est offert : le carême. Vous allez m’objecter encore une fois, qu’en fait de cadeau de la part de Dieu, il y a mieux, le carême étant associé à privations, jeûne, effort redoublé pour la prière, et partage ; l’évangile du jour présente ces trois efforts constitutifs de ces 40 jours qui nous séparent de Pâques. Or en lisant la lettre de notre Pape François, écrite en ouverture du carême, j’ai mieux compris que ce temps pouvait être un chemin vers la liberté.
Une liberté, dit-il, mise à mal par la désespérance que génèrent la situation mondiale, les crises sociales à répétition, les problèmes liés à l’écologie. Nous sommes alors en panne d’espérance, prisonniers de nos peurs, de nos regrets, de notre impuissance devant la marche chaotique du monde comme autrefois le peuple hébreu qui n’en pouvait plus de marcher dans le désert et qui en arrivait à regretter sa situation d’esclavage en Égypte. Dieu avait vu sa misère, entendu son cri et l’avait libéré en le faisant traverser le désert. Cette longue marche, de 40 ans que rappellent nos 40 jours de carême, a été un grand moment d’éducation du peuple par Dieu pour qu’il se sorte lui-même de sa situation d’esclave, et qu’il atteigne ainsi la vraie liberté. A nous d’entendre dans ce désert que nous traversons le cri des habitants de Gaza, d’Ukraine, de tant d’autres victimes de la guerre, de l’injustice, du rejet, de la faim, de l’exclusion sous le prétexte de la couleur de peau, de la religion, du milieu social ?
S’il est une action que nous indique François, apte à nous conduire vers une plus grande liberté, c’est de « s’arrêter en prière pour accueillir la Parole de Dieu, et s’arrêter comme le bon Samaritain en présence du frère blessé. L’amour de Dieu et du prochain est un unique amour. Ne pas avoir d’autres dieux, c’est s’arrêter en présence de Dieu, devant la chair de son prochain. C’est pourquoi la prière, l’aumône et le jeûne ne sont pas trois exercices indépendants, mais un seul mouvement d’ouverture, de libération. » Il suggère alors que « le Carême soit aussi un temps de décisions communautaires, de petits et de grands choix à contre-courant, capables de changer la vie quotidienne des personnes et la vie d’un quartier. J’invite chaque communauté chrétienne à faire cela : offrir à ses fidèles des moments pour repenser leur style de vie : se donner du temps pour vérifier leur présence dans le quartier et leur contribution à le rendre meilleur. » Dans notre paroisse, le groupe ‘écologie intégrale’ (avec le groupe CCFD-Terre Solidaire) est en train de préparer des initiatives aptes à entrer dans une démarche de sauvegarde de notre maison commune, qui nous seront présentées dès que possible. François termine par ces mots déjà adressés aux jeunes à Lisbonne (JMJ 2023) : « prenons le temps de penser que nous ne sommes pas dans une agonie, mais au contraire dans un enfantement… il faut du courage pour penser cela. »
En cette fête de la saint Valentin, offrons à notre amoureux, en échange de ce cadeau que sont ces 40 jours à venir, notre désir de grandir en liberté pour le bien de tous.
André Jobard
14 février 2024 Cendres