Un souffle qui balaie toute désespérance
« Il vint du ciel comme un violent coup de vent. » En ces temps météorologiques agités, nous sommes témoins de catastrophes naturelles dont sont victimes des régions entières, des professions. Mais si nous sommes pour l’instant épargnés par ces phénomènes, peuvent surgir dans nos vies personnelles ou communautaires de violents bouleversements, semblables au cataclysme qu’ont connu les premiers apôtres le jour de Pentecôte.
En effet c’est un coup au cœur qu’ont ressenti ces hommes, enfermés à Jérusalem, dans la peur. Encore blessés par leur lâcheté à l’égard de leur ami Jésus, alors que celui-ci venait d’être arrêté et allait mourir sur la croix, ils étaient assaillis de doutes et même s’ils avaient eu la chance de rencontres merveilleuses, mais très fugaces avec le ressuscité, ils restaient prisonniers des souvenirs de leur vie avec lui sur les routes de Palestine et du drame de la passion. Jésus leur avait promis la venue de son Esprit, esprit qui leur donnerait force, audace à annoncer cette bonne nouvelle, à savoir : Jésus n’est plus enfermé dans la mort, et avec lui l’humanité n’est plus condamnée à la violence, à la haine, à la disparition. Mais comment allait se manifester la venue de cet esprit ? C’est l’image de ce coup de vent, qui va les faire se lever, se mettre à parler toutes les langues de ceux qui étaient rassemblés pour la fête juive, la fête de la Pentecôte. Là où habituellement on pense que les différences de langue, de religion, de culture sont un obstacle pour se comprendre, voilà que règne un climat d’entente, de paix, de joie, ce qui fait dire à tous ces gens reconnus pour ce qu’ils sont : « nous les avons entendu parler dans nos langues les merveilles de Dieu.»
Allons-nous aussi nous lever, nous chrétiens, assaillis comme les premiers apôtres par les doutes sur l’avenir de notre humanité, en proie à de terribles défis ? Défi de le guerre, de l’injustice, de la crise climatique et tant d’autres problèmes liés à notre mode de vie ? Car les informations que nous déversent en continu les médias sur l’état du monde ont de quoi faire frémir.
Comment passer d’une culture du désespoir, de l’anxiété permanente, à une culture de paix, de joie, de fraternité ? Peut-être en nous laissant emporter par le souffle de Jésus, lui qui au cœur-même de ce qu’il a vécu de plus terrible (sa condamnation à mort, sa mise en croix), a gardé l’espérance d’un monde nouveau. Saint Paul ne dit pas autre chose : « marchez sous la conduite de l’Esprit-Saint ». Il oppose d’ailleurs à cette expression celle de l’emprise de la chair, chair entendue comme l’ensemble des pulsions, des convoitises, des habitudes, du prêt-à-penser, qui nous maintiennent dans une insatisfaction permanente et nous éloignent les uns des autres.
A ce propos, je voudrais souligner l’initiative prise par un groupe de paroissiens autour du thème ‘écologie intégrale’. Loin de nous culpabiliser ou nous enfoncer encore plus dans la désespérance face au défi du dérèglement climatique, cette rencontre de samedi prochain veut simplement nous établir dans le partage de ce qui se vit déjà, de ce qui peut se vivre pour protéger notre maison commune… à l’exemple d’une famille qui se retrouve avec plaisir pour imaginer la transformation de la maison familiale. Il peut y régner un climat de paix, d’écoute, d’imagination…pourquoi pas une trace de l’Esprit-Saint ?
André Jobard
18 mai 2024 – samedi de Pentecôte