Venez à l’écart et reposez vous un peu, nous dit Jésus.
Chers frères et sœurs, chers amis,
Ces paroles résonnent bien pour ceux d’entre nous qui ont à cœur de prendre un repos estival ces jours-ci. Moi en premier. Mais ces paroles s’adressent au fond à tous ! Venez à l’écart et reposez-vous un peu. Nous avons tous besoin de ce repos spirituel dans ce monde où tout va à mille à l’heure, où tous courent vers un bonheur que l’on croit trouver dans la consommation. Nous ressemblons par beaucoup de traits à ces foules de l’évangile. Ils sont comme des brebis sans berger, dit Jésus.
Imaginons tous ces hommes et femmes dans l’attente de quelque chose ; d’une guérison, d’un travail, d’une reconnaissance, d’un regard qui leur dise qu’ils sont aimés qu’ils ne sont pas nuls. Imaginons ces hommes et ces femmes dans l’attente de quelqu’un, dans l’attente d’un idéal, d’un avenir. Imaginons ces hommes et ces femmes dans l’attente de ce qui leur donne conscience d’être quelqu’un, d’être aussi une personne. N’est-ce pas pour tous ces gens que Dieu s’est incarné en Jésus Christ ?
Dans notre société où l’individualisme et le matérialisme sont si puissants, les uns traînent l’ennui d’une vie sans souffle, un jour ressemblant désespérément à un autre, d’autres sont à l’étroit dans une société qui réglemente, qui judiciarise, qui étouffe ; d’autres encore surfent sur la vague ambiante sans vraiment discerner les conséquences…. Et voilà qu’une parole de Jésus retentit : venez à l’écart et reposez-vous un peu. Venez à l’écart avec le maître, à l’écart avec le vrai berger, à l’écart avec celui qui aime gratuitement et qui peut nous apprendre ce regard qui humanise. Car dans le cœur de Jésus il y a cette foule, cette multitude, ces hommes et femmes de toute génération qui cherchent désespérément un sens à leurs vies. Cette foule, ce matin, c’est nous qui avons accepté d’être ici à l’écart dans cette église. Ils étaient – nous sommes – comme des brebis sans berger. Nous avons besoin d’être éclairés dans ce monde où tout se vend. Nous avons besoin d’être nourris dans ce monde où la nourriture est souvent factice et superficielle. Comment cacher le vide de la vie en courant après l’argent, en courant après les modes, le dernier cri, en misant sa vie sur le paraître, ou encore en se confectionnant un monde à soi, avec comme critère ce qui me fait plaisir. Jésus fut saisi de compassion envers eux. Alors, il se mit à les enseigner longuement. Avant de donner du pain c’est d’abord par sa parole que Jésus rassasie les humains. Il parle à leur conscience, il parle à leur cœur. Le récit de la multiplication des pains qui va suivre l’extrait d’évangile de ce matin, ne doit pas être séparé de ce qui précède. C’est d’abord par la parole que Jésus s’efforce de rassembler la foule en un nouveau peuple de Dieu. C’est d’ailleurs pour cela que dans la messe il y a ces deux tables qui s’enchaînent : la table de la parole qui nous instruit et nous éclaire et la table du pain qui nous nourrit et nous donne la force.
Et voici que la foule accourt et rejoint à nouveau Jésus et ses disciples de l’autre côté de la rive. Le Concile Vatican II disait que les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ. Tous ces gens qui ont couru de l’autre côté et sont arrivés avant Jésus et ses disciples portent aussi en eux cette soif de Dieu. Laissons-nous donc rattraper par des frères et des sœurs qui cherchent un sens à leurs vies. Au fond, comme Jésus, nous ne pouvons pas vraiment vivre à l’écart dans un endroit désert . Nous ne pouvons que partager cette Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu pour tout homme. Ce matin nous venons vers Jésus pour l’entendre dire que Dieu aime chacun, que notre vie n’est pas un hasard et qu’elle a du sens. Puissions nous dire : parle Seigneur, je veux t’écouter et mettre ta parole en pratique. Parle Seigneur, je veux t’écouter et n’écouter que toi.
Judicaël Mitokpey
21 juillet 2024