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Feuille paroissiale n°160 – 31 août 2024

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LE OUI D’UNE NOMINATION

Comment se passe une nomination ? L’évêque avec son conseil épiscopal nomme les prêtres pour leur mission dans un esprit de discernement, de consultation et de prière dans un regard d’ensemble des réalités diocésaines. Le prêtre pressenti pour devenir curé d’une paroisse est ensuite lui aussi consulté dans un dialogue, puis il donne son Oui ! Notre vie baptismale est faite de « oui », un oui donné au Seigneur. Je deviens donc votre nouveau curé depuis le 01 septembre 2024. Une page s’ouvre à nous, notamment en accueillant la commune de Neuilly- lès-dijon devenue par fusion avec la commune de Crimolois la commune de Neuilly Crimolois le 28 février 2019.

Le Rite d’installation du nouveau curé : Le curé est installé par un autre prêtre avec un certain nombre de rite qui commence par la proclamation du Credo par le nouveau curé, la remise des clés des églises par des membres des conseils municipaux, et remise des registres, ainsi que du lectionnaire. Le curé « reçoit » la charge pastorale de la paroisse et les paroissiens « reçoivent » le nouveau curé. Je nous souhaite dans l’Esprit Saint de marcher ensemble par le chemin qu’est Jésus Christ, pour vivre la communion avec le Père et je vous dit « la Paix soit avec vous » !

Pour commencer, j’aimerais vous dire une chose simple … et un mot compliqué. La chose simple que j’ai d’abord à vous dire : c’est que Dieu existe réellement ! Cette annonce n’est plus une évidence dans notre société et notre culture mondialisée. Dieu a été depuis quelques décennies rangé dans un grenier, éliminé des radars du réel, trop conceptualisé et relégué à l’imaginaire de l’humain. Pour nous, disciples de Jésus Christ, le Dieu Père Fils et Esprit est une réalité vivante et qui nous fait vivre et vivre ensemble.

Comment savons-nous que Dieu existe ? Parce que nous en faisons l’expérience et parce qu’il s’est révélé à nous. Nous aurons donc à en témoigner, à l’annoncer, à en vivre. Le prêtre fait l’expérience de Dieu notamment dans le sacrement de l’Eucharistie et de la Réconciliation et par les sacrements qu’il confère. La mission du prêtre est de faire vivre l’expérience de Dieu.

Vient alors un mot compliqué : l’inhabitation de Dieu ! Ce mot théologique veut dire que Dieu habite en nous ! Il n’est pas loin, dans les nuages comme nous pouvons parfois le dessiner ! Dieu habite en nous lorsque nous recevons l’hostie consacré, le Corps du Christ ! Ce mot compliqué désigne une expérience simple de Dieu que nous vivons notamment à la messe. Dieu vient demeurer en nous et nous l’accueillons par notre Amen, notre oui ! Et la vie humaine s’est trouve transformée ; un être humain n’est jamais seul, mais avec Dieu. Les épreuves de la vie et la souffrance ne sont plus portées par les seules épaules fragiles de l’homme mais supportées par la Croix du Christ. La vie n’est plus une impasse qui se termine par la mort où il n’y aurait plus rien après. La vie est un passage : du sein de notre maman à notre naissance sur terre, passage de la mort à la vie éternelle : la vie est une Pâque ! L’inhabitation de Dieu Père Fils et Esprit est l’architecture notamment de Sainte Thérèse d’Avila et de notre chère Sainte Elisabeth de la Trinité.

Retenons d’abord ces 3 choses : Nos « OUI » à Dieu, à ce Dieu qui existe réellement à ce Dieu qui habite en nous (l’inhabitation ). Ma prière vous accompagne.

Merci à vous de m’accueillir,

Père Jérôme Richon, curé de la paroisse de la Visitation

Une foi soumise à bien des remises en cause – homélie du dimanche 25 août 2024

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Les lectures du jour

Une foi soumise à bien des remises en cause

Il était une fois un curé d’une très grande paroisse, dans la banlieue d’une très grande ville, que les circonstances, en partie heureuses pour lui, peut-être plus tristes pour ses paroissiens, amenaient à quitter sa charge, après 13 ans de service. C’était donc l’heure du bilan, avec les considérations habituelles quand un responsable quitte sa charge :dans quel état laisse-t-il les finances ? Quels travaux importants ont marqué son passage ? Combien d’apéritifs et de repas partagés a-t-il initiés ? Combien de baptêmes, de mariages, d’obsèques a-t-il célébrés ? Quel est le montant de la participation de la paroisse au denier de l’Église ? Comment étaient ses homélies ? Donnait-il l’impression d’être un homme de prière ? Avait-il des initiatives en matière liturgique pas toujours conformes au Missel romain ? Sur tous ces sujets, les avis peuvent être variés, suivant ce que chacun estime prioritaire. Il se trouve que l’évangile du jour de sa dernière messe comportait cette magnifique profession de foi de Pierre : « A qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ? » Il ne lui en fallait pas plus pour le guider dans la relecture de son ministère. Vous avez compris de quel curé il était donc question !

Oui, cette parole de Pierre est une belle profession de foi ; toute la fougue de Pierre est présente dans ces quelques mots. On sait qu’elle fut suivie par un épisode moins glorieux, à savoir le triple reniement à l’heure cruciale, suivi lui aussi par ce dialogue étonnant avec Jésus ressuscité qui lui demande à trois reprises : « m’aimes-tu ? » et qui lui confie la charge de son Église. Cela nous conduit à comprendre que la foi n’a rien d’une certitude définitive, qu’elle est sujette à bien des remises en cause, à des doutes, jusqu’à des reniements. En cela la foi est totalement tributaire du contexte dans lequel nous vivons : un accident de santé, un revers professionnel, la venue d’une mésentente familiale, la situation politique nationale et internationale, tous ces aléas peuvent ébranler notre foi chancelante. Pour avoir partagé beaucoup de choses avec vous, chers paroissiens, j’ai découvert combien il était important, capital même, de rester humble dans l’affirmation de sa foi, qui est plutôt une démarche de confiance. Celle-ci est soutenue par une communauté de croyants, tous balbutiant des mots de foi, et surtout accueillant des situations parfois très bancales, se mettant au service des plus fragiles, revêtant le tablier du service afin de transmettre un peu de cette confiance perdue par les blessures de l’existence.

Je vous avoue que j’ai aimé vous accompagner sur ces chemins de la foi, de l’espérance, de l’amour. Et vous-mêmes vous m’avez soutenu dans mon ministère certains jours moins fastes que d’autres. C’est une réciprocité que nous avons vécue, dans la bienveillance, dans une certaine exigence, dans l’audace, dans l’effort, afin de donner un témoignage de la présence de Dieu à notre histoire humaine. Tout cela me fait dire qu’à notre façon nous avons repris la confession de Pierre, conscients de notre propre fragilité, et confiants en la puissance du Christ ressuscité.

Ayant dit tout cela, je pense que certains d’entre vous attendaient une explication de la pensée de Paul, qui nous heurte avec ses mots tellement dissonants dans notre modernité : « Femmes, soyez soumises à vos maris ». J’entends parfois le reproche fait aux prédicateurs de sauter par dessus une telle difficulté. Je me risque à dire que pour les comprendre et surtout les recevoir comme Parole de Dieu, il faut sortir du contexte de l’époque pour entendre l’appel à une véritable conversion dans nos rapports les uns avec les autres afin d’aimer tout homme, toute femme comme Jésus qui a aimé jusqu’à donner sa vie. Ouf ! Et si j’ai un ultime message à vous transmettre, c’est bien celui-là : changeons nos cœurs, gardons présent en nous et dans notre paroisse, ce souci d’une conversion permanente, puisque avec Pierre, nous affirmons que Jésus a les paroles de la vie éternelle.

Pour revenir à l’histoire de ce curé qui faisait le bilan de son passage dans sa paroisse, la légende dit qu’après un tel bilan, son évêque accepta son souhait de faire valoir son droit à la cessation de sa responsabilité pour profiter d’une retraite paisible et féconde.

André Jobard
25 août 2024

Le pain de vie – homélie du dimanche 18 août 2024

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Les lectures du jour

Le pain de vie

Depuis plusieurs dimanches nous écoutons le discours de Jésus sur le pain de vie. « Je suis le pain de vie ». C’est un long discours, un discours en boucle, qui comporte des redites. Certains pourraient se dire : « J’ai bien compris, on pourrait passer à autre chose ».

Or, les passages d’évangile proclamés à la messe ont été choisis par des spécialistes en Écriture sainte. Leurs travaux ont duré 4 ans après le concile. C’est dire combien leur choix a été soigneux. Il a abouti au lectionnaire que nous utilisons depuis plus de 50 ans. Ceux qui ont choisi de nous faire déguster plusieurs dimanches de suite ce discours du pain de vie pour que nous le méditions pendant la semaine, ne l’ont pas fait au hasard. Ils ont voulu souligner la place essentielle de ce discours dans l’évangile de Jean, lequel a recueilli ces paroles de Jésus, les as méditées toute sa vie, et peut-être enrichies en leur donnant par anticipation une tonalité eucharistique (« Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle »), alors que ce même Jean n’évoquera pas la fraction du pain lors du dernier repas de Jésus, comme si ce n’était plus nécessaire puisque Jésus l’avait annoncé dans ce discours du pain de vie : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair ».

On comprend combien ces paroles pouvaient être incompréhensibles pour les Juifs qui interrogeaient Jésus : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Mettons-nous à leur place. Ils n’avaient pas la clef de lecture, celle du dernier repas. Nous, nous l’avons et tout s’éclaire.

Dans ce discours du pain de vie, Jésus alterne les sujets de chaque phrase. C’est tantôt le Père, tantôt le Fils, tantôt les auditeurs. Le Père comme sujet : « Mon Père donne le vrai pain venu du ciel ». Le Fils comme sujet : « Moi je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ». Les auditeurs, autrement dit nous-mêmes, comme sujets : « Si vous ne mangez pas ma chair, vous n’avez pas la vie en vous ». C’est simple. C’est lumineux.

En relisant ce discours à plusieurs reprises, il m’a semblé que Jésus, tout en parlant, découvrait ce qu’il était en train de dire et qu’il s’en persuadait : « Je suis le pain de vie ».

En effet, la mission de Jésus ne suit pas un programme écrit à l’avance. Dans l’évangile de Jean, l’ampleur de sa mission lui apparaît progressivement. C’est au fur et à mesure de ses rencontres qu’il en prend conscience. Point de départ : la rencontre avec Jean-Baptiste au Jourdain qui atteste qu’il est le Fils de Dieu. Voilà une sacrée révélation ! Mais que doit-il faire ? Puis la rencontre avec les premiers disciples qui le suivent sans savoir où il va, ce qui a pu étonner Jésus qui devient un Maître à suivre, la rencontre à Cana de jeunes mariés qui lui font découvrir un pouvoir extraordinaire, celui de faire des miracles, puis la rencontre avec les marchands du Temple qui déclenche une colère qui a dû le surprendre, la rencontre dans la nuit avec Nicodème qui le conduit à dire que celui qui croit en lui a la vie éternelle et qu’il est la lumière du monde au milieu des ténèbres, la rencontre avec la Samaritaine où il comprend que sa Parole est une source jaillissant en vie éternelle, et enfin la rencontre avec 5000 hommes affamés auxquels il donne du pain pour nourrir leurs corps.

C’est là que sa mission prend un tournant. A partir de cette distribution de pain, il comprend qu’il est lui-même le pain de vie, qu’il doit non seulement donner sa vie, mais, mieux, sa chair à manger pour que tous ceux qui mangeront sa chair aient la vie éternelle, la vie qui ne déçoit pas comme disait Pierre la semaine dernière. Donner sa vie. Il le fera. Donner sa chair à manger. Il le fera. Et nous mangeons sa chair comme il l’a dit pour avoir la vie éternelle.

Ce n’est pas rien. Gardons-nous au moment de la communion d’en faire une geste banal.

Vincent Boggio
18 août 2024

Quand le ciel vient sur la terre – homélie du jeudi 15 août 2024 – Assomption

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Quand le ciel vient sur la terre

Grâce à votre générosité, chers paroissiens, j’ai donc acquis la semaine dernière un nouvel ordinateur et un smartphone : quelle révolution pour moi, quelle intelligence est appelée pour le bon fonctionnement de ces appareils, qui ont pour but de faciliter la communication, la rencontre entre les personnes : voilà un beau projet. A un moment où je butais sur un os, j’ai abandonné mon exercice pour me reposer par la lecture de mon journal préféré: mais alors sur quoi je tombe ? Sur la chronique d’une journaliste qui s’est engagée à laisser son smartphone au placard pendant une semaine, pour être davantage présente à son entourage, rejoignant ainsi un mouvement plus général de libération par rapport à ces moyens numériques qui prennent la place de vraies rencontres. Autant dire que je me suis senti une fois de plus en décalage par rapport à mon époque. C’est alors que m’est revenue l’histoire d’une autre rencontre qui s’est passée sans smartphone, sans téléphone, à moins que l’on assimile l’ange Gabriel à une application venant de l’univers de Dieu !

Vous l’avez reconnue, cette rencontre, celle de Marie et de sa cousine Élisabeth, dont nous venons de lire le récit. Une véritable rencontre qui les a marquées toutes les 2, je dirais même tous les 3, le bébé dans le ventre d’Élisabeth ayant lui aussi manifesté sa réaction à la venue de Marie. Rencontre à l’image des rencontres qui nous touchent particulièrement, qui nous font avancer. C’est bien ce que ressent Elisabeth, sensible à la démarche de sa jeune cousine, avec qui elle va pouvoir partager sa joie de l’arrivée surprise d’une grossesse tant attendue. D’ailleurs elle voit derrière cette visite celle de son Seigneur, tellement elle est imprégnée de la foi qui lui fait dire que la joie ressentie ne peut venir que du ciel. Une foi confirmée par l’allégresse exprimée par son enfant. Et elle comprend qu’à la source de cette joie il y a, chez Marie, la foi en l’accomplissement de la promesse de Dieu faite à son peuple. Et c’est ce que va chanter Marie, en reprenant dans son magnificat le récit de l’action de Dieu dans notre histoire. Il lui a fallu cette rencontre, ce partage de la même foi, pour exprimer son action de grâce, alors qu’elle ne l’avait pas fait sitôt après la venue de l’ange le jour de l’Annonciation.

Je suis toujours surpris de constater qu’en ce jour où célébrons la montée au ciel de Marie, la liturgie nous propose ce récit, tout simple, tout ordinaire, très terre à terre de la Visitation. Je me souviens d’un très beau cantique de Gounod : aujourd’hui le ciel est venu sur la terre. Je dirais volontiers que la terre a rejoint le ciel, que nos existences, dans ce qu’elles ont de plus ordinaire, prennent une dimension d’éternité, c’est-à-dire de solidité, de fidélité. C’est cela que nous reconnaissons en Marie, femme entre toutes les femmes, qui vécut tout simplement dans cette humble bourgade de Nazareth en accueillant par surprise l’enfant Jésus ; elle l’a accompagné dans sa croissance comme toute mère aimante, elle l’a suivi dans sa vocation, certainement pas sans interrogation ni souffrance, jusque dans sa passion. Sa foi en la fidélité de Dieu, qui doit être la nôtre, lui a permis de traverser la mort pour participer pleinement à la vie de ressuscité de son fils. De là notre espérance : dans nos vies compliquées, au cœur d’une situation planétaire très bousculée, il est précieux de pouvoir contempler en Marie, figure du peuple de Dieu, notre destinée : oui nous sommes appelés à entrer dans la lumière du ressuscité.

Souhaitons-nous de connaître la joie de belles rencontres, bien réelles, sans smartphone ni appareils révolutionnaires, dans la même simplicité vécue par Elisabeth et Marie.

André Jobard
15 août 2024

La vie éternelle – homélie du dimanche 11 août 2024

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La vie éternelle

Nous venons d’entendre « amen, amen, je vous le dis, il a la vie éternelle, celui qui croit ».

Dimanche dernier, c’était « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ».

Dimanche prochain, ce sera « Moi je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » ; et le suivant, « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ».

C’est quoi, la vie éternelle ?

Quelque chose qui commence après la mort et ne finit jamais ? Interminable, donc, ou, selon le mot de Kafka, « l’éternité, c’est long, surtout vers la fin » ?

Cela n’est pas le sens premier, profond, du mot éternel, ce n’en est qu’un sens dérivé, secondaire et, j’ose le dire, de peu d’intérêt.

Dans l’Ancien Testament, le mot éternel n’est pas un adjectif qui s’applique à une chose ou à une autre. C’est un attribut de Yahvé, en tant que Dieu-qui-aime-son-peuple. Le psalmiste écrit :

« Rendez grâce à Yahvé car il est bon, car éternel est son amour ! »

C’est même, avant tout, un nom – un des noms de Yahvé : « L’Éternel ». Un nom qui signifie : « Celui en qui on peut se fier, qui est toujours fidèle, qui ne ment pas. ». Le psalmiste dit aussi :

« Mieux vaut s’abriter en Yahvé que se fier en l’homme ;

Mieux vaut s’abriter en Yahvé que de se fier aux puissants »

Ou bien :

« L’amour est bâti à jamais, aux cieux tu as fondé ta fidélité (…),

Dieu puissant, que ta fidélité entoure »

Ou encore :

« Une fois j’ai juré par ma sainteté : mentir à David, jamais ! »

Et bien d’autres encore, que chacun de vous pourra trouver…

L’Éternel, c’est Celui qui ne déçoit pas. Celui qui ne déçoit jamais : Il n’a jamais déçu dans le passé, aussi loin que la mémoire de l’homme peut remonter. Et le passé est garant de l’avenir : aussi loin qu’on puisse se projeter dans le futur, Il ne nous décevra jamais : un Dieu que la Bible dit bienveillant pour des milliers de générations.

C’est de ce double « aussi loin que l’on se souvienne dans le passé ou se projette dans l’avenir », qu’a dérivé, tardivement, le sens de « sans commencement ni fin ». Mais l’important n’est pas dans ce dernier sens, c’est que Dieu, l’Éternel, est Celui qui ne déçoit pas. Quand Brassens souhaite à l’Auvergnat, lorsqu’il mourra, que le croque-mort le « conduise au Père éternel », c’est bien de ce Dieu-là qu’il parle !

La vie éternelle, ce n’est donc pas une vie qui ne finit pas, mais une vie qui ne déçoit pas – LA seule vie qui ne déçoive pas, celle avec Dieu, en Dieu. La phrase « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi et celui que tu as envoyé » (Jn 17, 3) n’a pas de sens si éternel veut dire sans fin. Mais si éternel signifie qui ne déçoit pas, et si connaître a le sens biblique d’aimer, alors elle est pleine de sens et nous dit un chemin !

Et c’est dès maintenant que cette vie ne déçoit pas. Choisir la vie éternelle, à l’appel de Jésus et en suivant ses pas, ce n’est pas sacrifier un présent tangible et réel pour un futur incertain. C’est ne pas se laisser tromper par tant de choses qui finissent toujours par décevoir, pour choisir la vie nourrie de l’amour de Dieu qui ne déçoit pas : « L’homme, ses jours sont comme l’herbe des champs qui fleurit. Sur lui, qu’un souffle passe, il n’est plus. Mais l’amour du Seigneur, pour qui le chante, est de toujours à toujours » (Ps. 102). Et cette vie éternelle est bien réelle et actuelle, même si nous n’en percevons la plénitude qu’à certains moments privilégiés.

A nous tous alors, bienvenue dans la vie éternelle, dès aujourd’hui !

Pierre Morlon
11 août 2024

Pour repartir dans l’espérance – homélie du dimanche 11 août 2024 – (Carmel)

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Pour repartir dans l’espérance

En ces jours de grande chaleur, nous pouvons être tentés comme Elie de nous mettre à l’ombre d’un buisson et dire au Seigneur : « maintenant, c’en est trop, reprends notre vie ». Mais plus encore que la chaleur étouffante, c’est la situation internationale, avec toutes ses violences, qui nous fait douter d’un retour possible de la paix, de la justice et de la préservation de la nature. De même dans notre vie personnelle, familiale, nous pouvons traverser de lourdes épreuves, de santé, de dialogue difficile, d’incompréhension, de jalousie. D’où la tentation de baisser les bras et de se laisser aller en abandonnant toute volonté d’une emprise sur la réalité ; ne serait-ce pas la signification du sommeil dans lequel s’enfonce Elie, découragé dans sa marche au désert, alors qu’il est traqué par la reine Jézabel ?

Or c’est précisément dans son sommeil qu’Elie va vivre une expérience, une véritable découverte de ce qu’est la Foi, une expérience à laquelle Jésus invite ses auditeurs. Dans son dénuement extrême, tandis qu’il s’abandonne tout entier dans les mains de Dieu (ne dit-il pas à Dieu : ’reprends ma vie’ ), il est réveillé par un ange qui l’invite à manger ce pain cuit sur le feu et à boire cette cruche d’eau. Sa faim et sa soif sont apaisées sur le champ, et une 2ème fois il est réveillé et appelé à se relever pour continuer la route. Cette route qui n’était qu’un chemin d’errance devient le chemin qui conduit à la montagne de Dieu. Il n’en fallut pas plus pour provoquer ce sursaut, grâce à ce pain et à cette cruche, qui n’étaient qu’un signe de la proximité de Dieu. Comme la manne au désert, comme ces pains qui avaient nourri 5000 hommes. C’est bien dans l’expérience du dénuement, de la vulnérabilité que se découvre cette présence de Dieu, à condition de lire dans nos vies toutes ces petites miettes de pain et ces quelques cruches qui se trouvent sur nos chemins.

Et quand Jésus se désigne comme le pain vivant descendu du ciel, il tourne le regard de ses auditeurs, et donc nos regards à nous, vers toutes ces réalités qui nous font avancer dans la vie. Au lieu de nous désespérer devant l’étalage sur nos écrans, de la misère du monde, recherchons, repérons tout ce qui contribue à la paix. J’aime beaucoup la parole de Paul quand il dit : « n’attristez pas le Saint-Esprit » et qu’il énumère toutes ces dispositions, ces pensées qui introduisent le mal dans nos relations. Reprenons plutôt le chant du psaume : ’Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur’. Nous passerons ainsi de la récrimination dont s’étaient rendus coupables les auditeurs de Jésus à la contemplation de ce que Dieu nous offre jour après jour, que ce soit dans les rencontres avec nos frères, dans les tentatives de réconciliation, dans la nature qui nous entoure, dans la main tendue pour accompagner le malade ou le désespéré. La vie éternelle, elle est déjà là, et pour reprendre le mot du philosophe, elle n’est plus un cadeau à attendre plus tard, elle est un chantier à alimenter par nos actes d’aujourd’hui.

André Jobard
Carmel
11 août 2024

Une surprenante médaille d’or – homélie du dimanche 4 août 2024

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Une surprenante médaille d’or

A l’heure où tous les regards et toutes les conversations sont tournés vers les jeux olympiques, j’ai pensé comparer l’attitude de Jésus avec ses interlocuteurs à une course-poursuite. Qui va alors emporter la médaille d’or ? On le saura au terme des 4 dimanches où nous seront lus les évangiles, appelés ‘discours sur le Pain de vie’. Souvenez-vous, dimanche dernier nous avons entendu le récit de la multiplication des pains, dans lequel Jésus, grâce à la confiance d’un jeune qui n’a pas hésité à partager son pique-nique, a nourri 5000 hommes. Vous pensez bien qu’un tel phénomène mérite qu’on s’y arrête. De là le désir des foules rassasiées à prix encore moins cher qu’à Carrefour ou au Leclerc du coin, désir de retenir ce magicien et pourquoi pas, ne soyons pas mesquins dans nos désirs, faire de cet homme notre roi ?

S’engage alors un dialogue entre Jésus et ses interlocuteurs, un dialogue qui va bousculer bien des certitudes, bien des habitudes, où se mêleront déception, agressivité, enthousiasme et foi. Ce dimanche Jésus regrette que ces foules nourries gratuitement ne voient pas plus loin que le côté miraculeux de ce geste, miraculeux entendu comme merveilleux, accompli par un super-héros, un génie exceptionnel. Or le miracle, comme le désigne l’étymologie grecque du mot signifie le signe, signe d’un appel à lire, au-delà du geste ponctuel, un message capital. Et notamment à découvrir le véritable auteur de cette multiplication qui n’est autre que Celui qui avait donné la manne au désert quand les Hébreux souffraient de la faim (première lecture). En renvoyant à plus loin que lui, en désignant Dieu comme son Père qui veut nous nourrir, Jésus pousse ses interlocuteurs à se tourner vers l’essentiel, avec cette question que nous pouvons nous poser : « qu’est-ce qui vraiment nous nourrit ? » Qu’est-ce qui va donner de la saveur à notre existence ? Un bon repas chez Loiseau, des vacances exceptionnelles, des revenus de plus en plus florissants, des loisirs excitants, une santé inébranlable, ou même tout simplement une vie tranquille sans aspérités, sans contrariétés ?

La réponse de Jésus a de quoi nous surprendre, comme elle provoquera des réactions très vives et même agressives : « le pain de la vie, c’est moi ». Sous-entendu, ce qui me fait vivre , ce qui me nourrit, et qui doit donc vous faire vivre, c’est le service du plus humble, c’est l’amour inconditionnel envers tout homme, toute femme, quitte à se donner corps et âme pour cette noble mission. Et donc manger le pain qui donne la vie, c’est se mettre à la même table que Jésus, non pas pour la satisfaction immédiate et passagère d’une faim, mais pour vivre comme lui le service du plus pauvre, pour édifier la fraternité telle que Dieu l’a voulue.

Inutile de vous préciser que la course-poursuite va se prolonger pour mettre d’accord tous les protagonistes. Nous en apercevons déjà l’issue, quand les interlocuteurs de Jésus lui demandent ce qu’il faut faire pour travailler aux œuvres de Dieu. Entendant cela spontanément comme chrétiens pratiquants nous pensons à nos bonnes œuvres, à nos divers engagements, familiaux, professionnels, associatifs ; tout cela est respectable, nécessaire et Jésus lui-même ne manque jamais d’en faire l’éloge. Mais pourtant sa réponse est celle-ci : «  l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé ». C’est donc la foi qui est appelée, foi en la puissance de Dieu et de Jésus, qui met à mal notre défaitisme, nos ‘à quoi bon’. Et si la médaille d’or, c’était cette foi  !

André Jobard
4 août 2024