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La vie éternelle – homélie du dimanche 11 août 2024

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Les lectures du jour

La vie éternelle

Nous venons d’entendre « amen, amen, je vous le dis, il a la vie éternelle, celui qui croit ».

Dimanche dernier, c’était « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ».

Dimanche prochain, ce sera « Moi je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » ; et le suivant, « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ».

C’est quoi, la vie éternelle ?

Quelque chose qui commence après la mort et ne finit jamais ? Interminable, donc, ou, selon le mot de Kafka, « l’éternité, c’est long, surtout vers la fin » ?

Cela n’est pas le sens premier, profond, du mot éternel, ce n’en est qu’un sens dérivé, secondaire et, j’ose le dire, de peu d’intérêt.

Dans l’Ancien Testament, le mot éternel n’est pas un adjectif qui s’applique à une chose ou à une autre. C’est un attribut de Yahvé, en tant que Dieu-qui-aime-son-peuple. Le psalmiste écrit :

« Rendez grâce à Yahvé car il est bon, car éternel est son amour ! »

C’est même, avant tout, un nom – un des noms de Yahvé : « L’Éternel ». Un nom qui signifie : « Celui en qui on peut se fier, qui est toujours fidèle, qui ne ment pas. ». Le psalmiste dit aussi :

« Mieux vaut s’abriter en Yahvé que se fier en l’homme ;

Mieux vaut s’abriter en Yahvé que de se fier aux puissants »

Ou bien :

« L’amour est bâti à jamais, aux cieux tu as fondé ta fidélité (…),

Dieu puissant, que ta fidélité entoure »

Ou encore :

« Une fois j’ai juré par ma sainteté : mentir à David, jamais ! »

Et bien d’autres encore, que chacun de vous pourra trouver…

L’Éternel, c’est Celui qui ne déçoit pas. Celui qui ne déçoit jamais : Il n’a jamais déçu dans le passé, aussi loin que la mémoire de l’homme peut remonter. Et le passé est garant de l’avenir : aussi loin qu’on puisse se projeter dans le futur, Il ne nous décevra jamais : un Dieu que la Bible dit bienveillant pour des milliers de générations.

C’est de ce double « aussi loin que l’on se souvienne dans le passé ou se projette dans l’avenir », qu’a dérivé, tardivement, le sens de « sans commencement ni fin ». Mais l’important n’est pas dans ce dernier sens, c’est que Dieu, l’Éternel, est Celui qui ne déçoit pas. Quand Brassens souhaite à l’Auvergnat, lorsqu’il mourra, que le croque-mort le « conduise au Père éternel », c’est bien de ce Dieu-là qu’il parle !

La vie éternelle, ce n’est donc pas une vie qui ne finit pas, mais une vie qui ne déçoit pas – LA seule vie qui ne déçoive pas, celle avec Dieu, en Dieu. La phrase « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi et celui que tu as envoyé » (Jn 17, 3) n’a pas de sens si éternel veut dire sans fin. Mais si éternel signifie qui ne déçoit pas, et si connaître a le sens biblique d’aimer, alors elle est pleine de sens et nous dit un chemin !

Et c’est dès maintenant que cette vie ne déçoit pas. Choisir la vie éternelle, à l’appel de Jésus et en suivant ses pas, ce n’est pas sacrifier un présent tangible et réel pour un futur incertain. C’est ne pas se laisser tromper par tant de choses qui finissent toujours par décevoir, pour choisir la vie nourrie de l’amour de Dieu qui ne déçoit pas : « L’homme, ses jours sont comme l’herbe des champs qui fleurit. Sur lui, qu’un souffle passe, il n’est plus. Mais l’amour du Seigneur, pour qui le chante, est de toujours à toujours » (Ps. 102). Et cette vie éternelle est bien réelle et actuelle, même si nous n’en percevons la plénitude qu’à certains moments privilégiés.

A nous tous alors, bienvenue dans la vie éternelle, dès aujourd’hui !

Pierre Morlon
11 août 2024

Pour repartir dans l’espérance – homélie du dimanche 11 août 2024 – (Carmel)

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Pour repartir dans l’espérance

En ces jours de grande chaleur, nous pouvons être tentés comme Elie de nous mettre à l’ombre d’un buisson et dire au Seigneur : « maintenant, c’en est trop, reprends notre vie ». Mais plus encore que la chaleur étouffante, c’est la situation internationale, avec toutes ses violences, qui nous fait douter d’un retour possible de la paix, de la justice et de la préservation de la nature. De même dans notre vie personnelle, familiale, nous pouvons traverser de lourdes épreuves, de santé, de dialogue difficile, d’incompréhension, de jalousie. D’où la tentation de baisser les bras et de se laisser aller en abandonnant toute volonté d’une emprise sur la réalité ; ne serait-ce pas la signification du sommeil dans lequel s’enfonce Elie, découragé dans sa marche au désert, alors qu’il est traqué par la reine Jézabel ?

Or c’est précisément dans son sommeil qu’Elie va vivre une expérience, une véritable découverte de ce qu’est la Foi, une expérience à laquelle Jésus invite ses auditeurs. Dans son dénuement extrême, tandis qu’il s’abandonne tout entier dans les mains de Dieu (ne dit-il pas à Dieu : ’reprends ma vie’ ), il est réveillé par un ange qui l’invite à manger ce pain cuit sur le feu et à boire cette cruche d’eau. Sa faim et sa soif sont apaisées sur le champ, et une 2ème fois il est réveillé et appelé à se relever pour continuer la route. Cette route qui n’était qu’un chemin d’errance devient le chemin qui conduit à la montagne de Dieu. Il n’en fallut pas plus pour provoquer ce sursaut, grâce à ce pain et à cette cruche, qui n’étaient qu’un signe de la proximité de Dieu. Comme la manne au désert, comme ces pains qui avaient nourri 5000 hommes. C’est bien dans l’expérience du dénuement, de la vulnérabilité que se découvre cette présence de Dieu, à condition de lire dans nos vies toutes ces petites miettes de pain et ces quelques cruches qui se trouvent sur nos chemins.

Et quand Jésus se désigne comme le pain vivant descendu du ciel, il tourne le regard de ses auditeurs, et donc nos regards à nous, vers toutes ces réalités qui nous font avancer dans la vie. Au lieu de nous désespérer devant l’étalage sur nos écrans, de la misère du monde, recherchons, repérons tout ce qui contribue à la paix. J’aime beaucoup la parole de Paul quand il dit : « n’attristez pas le Saint-Esprit » et qu’il énumère toutes ces dispositions, ces pensées qui introduisent le mal dans nos relations. Reprenons plutôt le chant du psaume : ’Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur’. Nous passerons ainsi de la récrimination dont s’étaient rendus coupables les auditeurs de Jésus à la contemplation de ce que Dieu nous offre jour après jour, que ce soit dans les rencontres avec nos frères, dans les tentatives de réconciliation, dans la nature qui nous entoure, dans la main tendue pour accompagner le malade ou le désespéré. La vie éternelle, elle est déjà là, et pour reprendre le mot du philosophe, elle n’est plus un cadeau à attendre plus tard, elle est un chantier à alimenter par nos actes d’aujourd’hui.

André Jobard
Carmel
11 août 2024