Chers frères et sœurs,
Dans les textes de la Parole de Dieu de ce dimanche il est question de veuves :
– dans la première lecture, une Elie rencontre veuve qui est seule avec son fils, dans le psaume145, il est mentionné que le Seigneur soutient la veuve et l’orphelin, dans l’Evangile, contemplant la salle du trésor Jésus remarque une veuve qui met dans le tronc deux pièces de monnaie. Quand à elle, l’épitre aux hébreux rappelle un élément fondamental de notre condition humaine « le sort des hommes est de mourir une seule fois. »
– Méditons tout d’abord sur la situation des veuves : une veuve est celle qui a vu son mari mourir. D’une certaine manière, elle perd sa moitié ou la moitié d’elle-même. L’expérience humaine nous montre que le deuil de son mari est un processus long et pas facile à vivre. La veuve se trouve fragilisée et cette fois ci seule à prendre en charge la vie. Si des enfants sont à la maison, elle se retrouve seule à les prendre en charge. Dans certaines législations et moments de l’histoire, la veuve en perdant son mari, perd aussi les biens de son mari. C’est alors que ces veuves s’en trouvent d’autant plus appauvries.
Dans la première lecture, la veuve que rencontre Elie est avec son fils et n’a pour bien qu’un peu de farine et d’huile. Elle donne d’abord de l’eau à Elie, puis exprime sa désespérance lorsqu’Elie lui demande du pain « je rentre préparer le pain, nous le mangerons avec mon fils et puis nous mourrons ! » Le veuvage fait aussi prendre davantage conscience de sa propre mort possible. Ici, cette veuve exprime que pour elle et son fils, tout est fini, leur vie devient une impasse où par la mort toute l’histoire s’arrête. Mais cette veuve désespérée, déjà généreuse à donner de l’eau fait cependant confiance à Dieu par l’intermédiaire d’Elie. Et une nouvelle issue est donnée par l’espérance en Dieu ; tous trois ont à manger du pain. La jarre de farine ne s’épuisa pas.
La veuve de l’Évangile est marquée par une extrême indigence et une surprenante générosité et confiance en Dieu : elle donne à Dieu tout ce qu’elle a, son indigence et ses deux pièces de monnaie. Jésus la prend en exemple face aux gros riches et aux scribes qui aiment qu’on les remarque. Eux ne se préoccupe pas bien de Dieu mais plus de leur image, d’en mettre plein la vue à tous… Jésus sachant que ces situations à long terme ne rendent pas heureux, préfère comme dans les béatitudes montrer le chemin du bonheur : être pauvre de cœur, être en capacité d’aimer et de tout donner au Seigneur. Cette veuve sait donner sa vie à Dieu et comment le faire. Cette veuve est donnée en exemple par Jésus parce qu’au milieu des richesses encombrantes, des scribes qui régissent tout pour les autres et du monde des apparences, le chemin du bonheur est de faire confiance en Dieu, de devenir pauvre de cœur, de vivre la pauvreté comme une béatitude, et de tout donner à Dieu. Ce qu’a expérimenté aussi la veuve qu’Elie rencontre.
Le psaume exprime combien Dieu prend soin des pauvres et leur donne de quoi vivre : il soutient la veuve et l’orphelin. Ce chant merveilleux de l’action de Dieu montre que Dieu libère les pauvres de leurs misères et les mets en capacité d’aimer et même de partager alors qu’ils ont peu de choses. Le partage devient alors aussi un chemin de bonheur. Le pauvre est libéré, redressé dans sa dignité.
C’est alors ce qu’indique l’épitre aux hébreux : l’homme peut vivre sa condition mortelle comme un couloir sombre où tout d’un coup avec la mort tout s’arrête. Ce regard arrive lorsque l’homme est enfermé dans son péché, dans la fatalité des forces mauvaises et contraires à la vie. Mais le Christ est venu délivrer l’homme de ce couloir de la mort « il apparaitra une seconde fois » pour le salut pour lui donner la vie éternelle.
Enfin, on peut se demander pourquoi à quelques dimanches de la fin d’une année liturgique, la Parole de Dieu nous parle de veuves et de notre condition mortelle. Certainement parce que l’année liturgique n’est pas un cycle qui finit comme une route qui n’a plus d’issue et que nous recommencerions encore bêtement à reprogrammer une année liturgique qui dans un an se finirait encore. L’année liturgique n’est pas que répétitions, elle est un approfondissement du mystère de Dieu. Dieu est si grand que la multiplicité des années liturgiques n’épuisera jamais le mystère de Dieu. Et l’homme découvre dans l’approfondissement et l’enrichissement des années liturgiques qu’il célèbre, comment devenir petit à petit en grandissant, devenir « pauvre de cœur » et donc heureux, et qu’en s’approchant de la mort, il s’approche en fait de la vie éternelle. »
Père Jérôme Richon, curé de la paroisse de la Visitation
32ième Dimanche du temps ordinaire : Première lecture I Roi 17,10-16, Psaume 145, Heb 9, 24-28, Mc 12, 38-44