Fête du Corps et du Sang du Christ 2024 (Profession de foi)
Une bonne nouvelle par temps pluvieux
Relisant une ancienne homélie, je relevais que ce qui faisait l’essentiel des conversations du moment c’était la canicule : il devait faire très très chaud à cette époque. On pourrait dire qu’aujourd’hui on ne parle plus que de la pluie et on se désole de constater que les longues soirées que nous pourrions passer dehors se vivent au coin du feu. Et dans cette même homélie je me demandais si la météo était notre seule préoccupation, et si pour chacun de nous c’était là l’essentiel. La fête que nous célébrons aujourd’hui, celle du corps et du sang de Jésus-Christ (et celle de la profession de foi) peut nous ramener à l’essentiel.
Vous l’avez entendu dans les textes, il est beaucoup question de sang. Le sang, ça peut provoquer un malaise pour des âmes sensibles, mais c’est aussi le signe de la vie. En écoutant le récit de la première lecture, l’Exode, on peut être surpris par le côté archaïque de ce rituel, où le sang coule abondamment en vue d’une alliance entre deux parties. Ici il est question de sceller une alliance entre Dieu et les hommes. Une importance majeure à une époque où l’on pensait que les dieux ne s’intéressaient nullement à l’histoire des hommes. Cette alliance entre Dieu et les hommes appelle une réponse, c’est celle de la foi. (vous, les jeunes, l’avez bien exprimé à travers la mise en œuvre de la première lecture).
Et dans l’évangile, qui relate le dernier repas de Jésus avec ses amis, Jésus livre son corps, il se donne à nous, il offre son sang pour signifier qu’il donne toute sa personne, pour sceller la belle alliance de Dieu avec l’humanité. Le sang qui coule, c’est celui de l’homme égorgé. On le voit : Jésus n’a pas fait semblant, il a souffert terriblement, pour authentifier son message d’amour ; il ne s’est pas contenté de belles paroles, de belles promesses, il s’est engagé corps et âme pour nous. Par ce don de sa vie, il a reçu une vie nouvelle, au matin de Pâques : sa vie a pris une dimension extraordinaire. Et quand nous communions, nous ne mangeons pas seulement le corps de Jésus, nous recevons son corps meurtri, son corps livré aux mains des bourreaux, son corps crucifié et cette vie nouvelle du ressuscité.
Que cela implique-t-il dans notre vie ? Si Jésus s’est donné à nous par son corps jusqu’au sang, ne devons-nous pas à notre tour nous donner tout entiers à lui ? Et nous donner à lui, ce n’est pas nécessairement chercher le martyre, comme le font les terroristes au nom d’une prétendue volonté divine, mais tout simplement dans notre quotidien mettre toujours en avant le souci de l’autre, le désir de son bonheur. C’est nous donner aux autres, à nos parents, nos familles (nos copains), à tous ceux en qui Jésus s’est reconnu, l’affamé, le malade, l’étranger, le démuni, le prisonnier. Les bons sentiments ne suffisent plus, c’est notre vie, dans toutes ses dimensions qui est appelée à se donner et à devenir une offrande comme celle de Jésus. Et l’eucharistie est le rappel de l’offrande de Jésus à laquelle nous nous associons tout au long de notre vie.
Nous voilà peut-être revenus à l’essentiel, même si demeurent les préoccupations météorologiques du moment! Nous le savons bien, et parfois il faut un événement grave ou compliqué pour nous rappeler cet essentiel. Que nos messes, nos eucharisties, soient le reflet de ce désir de nous associer, par nos vies de service et de fraternité, à celle de Jésus, qui l’a donnée pour notre plus grand bonheur.
André Jobard
2 juin 2024