Ce que nos yeux ont vu, ce que nos oreilles ont entendu, voilà ce que nous vous annonçons !
Chers frères et sœurs, chers amis…
Le Ressuscité se manifeste une fois encore à ses disciples. Et voyez avec quelle insistance il leur montre qu’ils ne fabulent pas. Qu’il ne s’agit pas d’une image mentale, d’un délire d’attachement à sa personne qui leur ferait croire qu’ils le voient ou encore d’un esprit qui vient les tourmenter. Le Ressuscité leur montre ses mains et ses pieds où l’on peut voir encore les marques des blessures du Crucifié. Il leur demande de le toucher. Il mange avec eux. Tout ceci pour leur révéler qu’il est bien vivant. A partir de cette expérience sensible, il ouvre leur intelligence aux ‘Écritures’ qui avaient annoncé qu’il fallait que le messie souffre, qu’il meurt et qu’il ressuscite. Alors seulement, on peut proclamer un message de conversion en son nom pour le pardon des péchés et pour la vie éternelle avec Dieu. C’est fort de cette double expérience des apôtres, l’expérience sensible et celle de l’éclairage des Écritures que les disciples de Jésus ont proclamé l’Évangile de manière qu’il parvienne jusqu’à nous. Leur expérience du Ressuscité était si forte que saint Jean a pu dire : « ce que nos yeux ont vu, ce que nos oreilles ont entendu, voilà ce que nous vous annonçons. » Et Pierre nous redit dans la première lecture d’aujourd’hui : Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes les témoins. Nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts.
Frères et sœurs, notre monde cartésien a bien du mal à croire au pied de la lettre que Jésus est vraiment ressuscité. Il veut bien confesser qu’il est vivant, mais seulement dans le souvenir de ses amis ; qu’il n’est pas ressuscité en chair en os : « touchez-moi, regardez, dit Jésus dans l’Évangile, un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai ». Notre monde voudrait bien voir en tout ceci une image, un symbole. Mais si le Christ n’était ressuscité qu’en image, dans l’esprit de ses amis, au fond de leur cœur, ils seraient eux-mêmes mort avec cette image, et le message de l’Évangile ne nous serait pas parvenu 2000 ans plus tard. Il y a une puissance immortelle dans ce message. Et cette puissance vient de la Résurrection. Si le Christ n’était pas ressuscité, nous ne serions pas là. Le message de l’Évangile resterait une doctrine sans vie. La foi elle-même ne serait pas vivante, elle serait une adhésion quelconque à une croyance du passé. Si vous avez un peu de foi, vous verrez que Jésus est vivant et que sans cela vous ne seriez pas là. Oui mais nous ne l’avons pas vu. C’est vrai et c’est tant mieux : ses disciples l’ont vu. Et Jésus leur a dit « vous croyez parce que vous m’avez vu, heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Là il est clairement question de nous. Et il nous appartient d’accueillir cette béatitude ou de nous en exclure. Heureux ceux qui croiront sans avoir vu.
Dans une deuxième lecture plutôt spirituelle de l’Évangile, il est possible de voir aujourd’hui le Ressuscité, non pas avec les yeux de la chair mais avec les yeux de la foi, là où il y a les marques de ses blessures, c’est-à-dire dans les souffrances et les misères de notre monde ; de le rejoindre et le toucher là. Il est possible de le reconnaître à la fraction du pain, c’est-à-dire dans l’Eucharistie ou tout simplement dans les lieux où la charité se fait partage joyeux. Mais si l’on peut dans la foi le rencontrer en ces lieux-là, grâce aux Écritures qui nous y invitent, c’est sans aucun doute parce qu’il est vraiment ressuscité et vivant à jamais. C’est cela le mystère de la foi. Et il est grand le mystère de la foi !
Judicaël Mitokpey
14 avril 2024