Être envoyé avec un trésor à offrir au monde – homélie du dimanche 14 juillet 2024

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Être envoyé avec un trésor à offrir au monde

Chers frères et sœurs, chers amis….

Sur nos routes estivales nous rencontrons ce matin dans l’évangile, les missionnaires que Jésus envoie. Drôle de missionnaires qui s’en vont sans manteau ou tunique de rechange (pour la météo changeante de cet été, ce n’est pas très prudent).

Sur nos routes cet été, que nous soyons partis ou que nous restions chez nous, nous sommes appelés aussi à nous identifier à ces envoyés très particuliers qui ont reçu de Jésus des consignes très clairs. Les consignes que Jésus leur donne nous permet de les reconnaître dans les personnes que nous rencontrons, mais elles nous permettent aussi de nous identifier à eux.

– Ils sont avant tout invités à la sobriété. C’est la signification du fait de ne pas avoir de tunique de rechange. Il ne s’agit pas de défier la météo, mais il s’agit de renoncer à l’accumulation et à la tendance consumériste de notre époque. Ils s’en vont non pas comme des conquérants, mais comme des serviteurs suffisamment libre pour entrer en dialogue et vivre l’hospitalité et la rencontre avec les autres. Ils n’ont rien à vendre, mais un trésor à offrir. Il n’est pas question ici de performance mais de témoignage. C’est l’attitude de Jésus lui-même quand il demande à boire à la samaritaine. En demandant à boire à cette femme, Jésus lui permet de donner ce qu’elle peut donner. Cette manière d’agir va favoriser une confiance et un dialogue qui remet cette femme en route. Aimer ce n’est pas dire à l’autre : « regarde comme je suis bien, deviens comme moi ! » C’est lui dire en toute simplicité, « j’ai besoin de toi, donne-moi à boire. Toi aussi tu as des qualités, tu as quelque chose à donner ». Ce qui compte en premier c’est donc de créer des conditions d’un échange, de rendre possible un dialogue. C’est pourquoi Jésus demande à ses disciples un certain dénuement. Il les invite à oser être vulnérables. N’est-ce pas à cette condition que l’Esprit-Saint pourra passer par nous et à travers nous ? Ne pas craindre d’être pauvre, cela nous oblige à compter sur le Christ et sur les autres. Les douze que Jésus envoie en mission ne sont pas des cracks mais des personnes fragiles qui apprennent à compter sur Dieu. Aujourd’hui nous ne sommes pas meilleurs ni moins bien qu’eux. Nous sommes des serviteurs quelconques, des vases d’argile portant le trésor de l’évangile et c’est seulement si nous acceptons de ne pas être tout-puissant que le trésor que nous portons pourra être visible pour les gens que nous rencontrerons. Cette sobriété et cette pauvreté du disciple possèdent un autre avantage : celui d’apprendre à recevoir, et de penser l’autre non pas comme un réceptacle de ma générosité, mais comme une personne dont j’ai à apprendre quelque chose. Et cela change tout dans les relations.

Les envoyés sont pauvres et sobres mais vous aurez remarqué en écoutant l’évangile qu’il y a quand même quelque chose à emporter : D’abord, un bâton. C’est un objet très utile pour éloigner des serpents, c’est à dire le mal. Il leur a donné le pouvoir sur les esprits mauvais. Ce bâton c’est l’autorité sur les esprits impurs. c’est savoir que le mal n’aura pas le dernier mot et que le pardon peut apporter un surcroît de vie. C’est faire gagner l’amour contre la haine. Ensuite, ils emportent aussi des sandales. Les sandales, c’est pour pouvoir aller loin ; pour ne pas s’ébrécher les pieds ni se fatiguer trop vite. La mission est rude et le chemin est long. Il faut tenir le coup. C’est le signe de l’endurance, de la persévérance, mais aussi l’importance de prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin des autres. Enfin, la tunique unique ne serait-elle pas le signe de notre dignité de filles et fils de Dieu. Dignité de nous savoir aimé du père, envoyé par Lui. Il est important d’aller à la rencontre des autres, vêtus de notre tunique de baptisé. Soyons des baumes de douceur pour celles et ceux que rencontrerons, et chassons les démons : faisons reculer le mal en proposant la bienveillance comme antidote.

Judicaël Mitokpey
14 juillet 2024