Le berger qui rassure
Note à l’intention des enfants. Quand un chrétien vient de mourir, on place son corps dans un cercueil et on le conduit dans une église où sa famille et ses amis viennent prier pour le confier à Dieu. Cela s’appelle « célébrer les obsèques ».
Un jour, on a célébré ici les obsèques d’une femme de 102 ans. Elle avait souvent raconté à ses petits-enfants que, petite fille, elle allait à l’école de Talant à Daix, 3 km à pied, toute seule, en traversant la forêt. [Je ne pense pas qu’il y avait entre Talant et Daix une grande forêt, peut-être un petit bois avec des arbres assez grands pour inquiéter une fillette.] Elle se souvenait que la forêt lui faisait peur mais chaque jour, dans une clairière, elle rencontrait un berger, toujours le même, et elle se sentait rassurée. Pour les obsèques de cette petite fille devenue leur grand-mère, ses petits-enfants ont choisi le psaume que Clément vient de lire : Le Seigneur est mon berger. L’image du berger est une image rassurante. Nous aimons penser à Dieu comme à un berger.
Si on relit l’histoire de Dieu avec son peuple, on voit qu’il a bien les deux qualités du berger, celle du guide et celle du compagnon. Dieu est un guide qui nous accompagne et qui prend soin de nous.
Pourtant, avant la venue de Jésus, quand on parlait de Dieu ou que l’on priait Dieu, on disait rarement « Dieu mon berger », parce que le berger est modeste, pauvre, souvent méprisé. On préférait d’autres images, la grandeur « Dieu Très-Haut, Dieu éternel, Dieu très saint », la solidité « Dieu mon rocher », la puissance « Dieu fort, Dieu tout-puissant », ou encore l’image du roi ou celle de la protection « Dieu mon bouclier ».
Jésus, le Fils de Dieu, n’a pas hésité à se présenter comme le berger ou comme la porte de la bergerie. On pourrait lui dire : « Il faut choisir, es-tu le berger ou la porte ? » Mais chacune des deux images nous dit quelque chose de lui. Celle du berger nous dit sa tendresse pour chacune de ses brebis, chacun de nous. Il nous rassemble, il va nous chercher si nous sommes perdus. Il nous choisit de bons pâturages et des rivières tranquilles. Pour la porte, c’est plus compliqué. Ce pourrait être la porte du Royaume de Dieu ou la porte de l’Eglise présentée comme une bergerie ou simplement la porte de la vie : Je suis venu pour que les brebis aient la vie.
Jésus nous met aussi en garde contre les mauvais bergers, ceux qui rentrent dans la bergerie en escaladant la clôture, sans passer par la porte, c’est-à-dire sans passer par lui. Depuis 2000 ans, des parents, des catéchistes, des prêtres ont ce rôle de pasteurs, de bergers. La plupart sont de bons bergers, même de très bons bergers. Quelques-uns, rarement, sont de mauvais bergers. Ils peuvent faire du mal à ceux qui leur sont confiés, surtout les plus fragiles. Il faut donc faire attention. Comment les reconnaître ? Un mauvais berger, c’est celui qui cherche d’abord son intérêt, son pouvoir ou son plaisir. Heureusement les bons pasteurs sont beaucoup plus nombreux. Quand ils s’occupent de leurs brebis, ils ne cherchent pas leur intérêt, leur pouvoir ou leur plaisir.Ils ont, comme Jésus, un cœur désintéressé. Ils accompagnent leurs brebis en respectant leur liberté.
Vincent Boggio
30 avril 2023