Ça et là on entend des appels insistants pour que le culte catholique soit rétabli au plus vite. Il est vrai que chrétiens nous souffrons de ce jeûne imposé, où il ne nous est plus possible de nous retrouver, de chanter notre foi en la résurrection ; l’absence de toute célébration pendant la semaine sainte a été une épreuve pour tous et pour le pasteur que je suis. C’est aussi ce que vivent nos amis musulmans en cette période de Ramadan où tout rassemblement leur est interdit.
Pourtant il me semble que cette revendication, tout à fait légitime, ne doit pas réduire la messe et les sacrements à un bien de consommation. En voulant accéder à ce droit au moment où les magasins vont être autorisés à ouvrir leurs portes, ne risquons-nous pas d’oublier que les sacrements ne s’achètent pas et sont un don de la part du Christ qui nous a tout donné, puisqu’il s’est livré à la mort pour nous ? Cela devrait susciter en nous une attitude d’accueil de ce don, dans l’attente confiante de l’autorisation de la reprise de nos célébrations.
La période de confinement que nous avons vécue nous a révélé des richesses insoupçonnées, richesses de liens, de solidarité, et le bienfait du silence, de la sobriété, et d’une prière personnelle renouvelée. Qu’il serait dommage, alors que nous appelons à un ‘ après ‘qui ne soit pas un simple retour à ‘ l’avant’, de nous précipiter dans ce qui paraît comme une liberté, celle d’aller et venir, de reprendre nos habitudes y compris liturgiques. La vraie liberté, ne se trouve-t-elle pas dans le compagnonnage avec Jésus qui a offert sa vie dans une grande confiance en Dieu son Père ? Cela ne veut pas dire qu’il faille renoncer à notre devoir de vigilance pour le maintien des libertés fondamentales. Mais notre consentement à l’application de mesures citoyennes pour endiguer le fléau de cette épidémie, même lourdes à porter, pourrait signifier notre confiance en Dieu qui seul nous apporte la vraie liberté.
André Jobard