
Mon Seigneur et mon Dieu !
Chers frères et sœurs, chers amis,
Vous avez peut-être déjà vu cet extrait de film qui a circulé sur les réseaux. On y voit deux personnes visiblement perdues dans une forêt dense. Il y en a une qui doute, hésite et se décourage tandis que l’autre marche résolument et assurément dans une direction en essayant de convaincre son amie de le suivre.
- « Comment peux-tu être sûr que c’est le bon chemin ? » demande l’amie qui hésite. Et l’autre lui répond, je n’en sais rien.
- « Mais pourquoi continuer à marcher résolument dans cette direction ? Vois-tu un chemin là-bas ?
- « Non, je ne le vois pas. Mais je crois qu’il est là. »
- « Tu crois ? »
- « Oui. Je crois », lui répond le téméraire. Nous marchons par la foi, et non par la vue. La foi n’est pas une certitude visible, mais une confiance profonde en l’invisible. »
Dans l’Evangile de ce jour, le Ressuscité de Pâques nous fait le don de la foi en même temps que celui de l’Esprit Saint. Et ceci grâce à un homme appelé Thomas, surnommé Didyme, c’est-à-dire « jumeau ». Dans certaines cultures – c’est le cas pour la mienne -, on donne le surnom de jumeau à quelqu’un qui est vraiment jumeau. On peut croire que ce Thomas est vraiment un jumeau, mais l’Evangile ne parle jamais et nulle part de son frère jumeau ou de sa sœur jumelle. Le frère jumeau de Thomas, c’est peut-être le lecteur lui-même, c’est celui qui découvre Thomas et son itinéraire de foi aujourd’hui et qui réalise qu’il est un peu comme lui. Nous sommes les jumeaux de Thomas. Comme lui, nous cherchons des signes tangibles pour croire. « Si je ne vois pas… je ne croirai pas ».
Mais Jésus, dans sa miséricorde, répond à son besoin : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains… ». Thomas offre alors à son maître la plus belle profession de foi au Ressuscité : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».
Jésus conclut en disant : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Cette béatitude s’adresse à nous qui n’avons pas vu le Christ ressuscité de nos yeux, mais qui croyons en lui. Elle souligne que la foi est un acte de confiance, qui n’est pas basée sur la preuve, mais sur la relation. La foi est l’assurance de marcher dans une direction où l’on n’est pas seul. Elle n’est pas une assurance tout risque, mais elle est une confiance donnée. Je te fais confiance. Je crois que tu m’aimes et que ton amour pour moi est inébranlable. Je crois en toi. Je marche avec toi, même si je ne sais pas où conduit le chemin.
Avant cette rencontre avec Thomas, Jésus apparaît aux disciples et leur dit : « La paix soit avec vous », puis Il souffle sur eux en disant : « Recevez l’Esprit Saint ». Puis il les envoie en mission : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ».
Ce souffle est le don de l’Esprit, qui transforme les disciples craintifs en apôtres courageux. Il est la force qui nous pousse à témoigner de notre foi, même sans avoir vu.
Frères et sœurs, comme Thomas, nous cherchons des signes. Mais Jésus nous invite à une foi plus profonde, une foi qui ne dépend pas de la vue, mais de la confiance en sa parole et en sa présence. Il ne nous laisse cependant pas orphelin des signes de son amour et de sa présence. Mais il nous faut ouvrir les yeux de nos cœurs pour les voir dans l’Esprit Saint qui éclaire. Recevons donc l’Esprit Saint, et avançons avec foi, en proclamant avec Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Amen.
Judicaël