Carême, un temps pour s’entraîner au combat de la vie ! – homélie du dimanche 18 février 2024

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Carême, un temps pour s’entraîner au combat de la vie !

Chers frères et sœurs, chers amis…

Comme vous le savez, nous sommes embarqués en Église depuis mercredi dernier dans ce temps fort du carême pour nous préparer à la rencontre du Seigneur Ressuscité à Pâques.

Ce temps nous est donné pour vraiment préparer nos cœurs par l’exercice concret du jeûne, de l’aumône et de la prière, pas simplement pour faire plaisir au bon Dieu mais pour entraîner nos âmes au combat spirituel dans lequel nous sommes pris au quotidien à travers les choix inévitables que nous avons à faire. Parler ou se taire selon les circonstances, aimer ou haïr tant les blessures sont douloureuses. Rendre le mal qu’on nous a fait, ou pardonner. Ou encore des choix plus simples pour certains, mais plus durs pour d’autres : par exemple, se lever de bonne heure le matin pour prier et se rendre utile, ou continuer à dormir. Venir à la messe dimanche matin ou vaquer à une autre activité plus divertissante. Donner du temps aux autres ou préférer rester seul sur son smartphone. Tous ces choix du quotidien, des plus banals au plus graves, sont les lieux concrets du combat spirituel dans lequel nous sommes pris. Et pour notre liberté, nous devons choisir le bien au détriment du mal qui brille parfois de mille feux et qui procure un vilain plaisir. C’est en choisissant la vie au détriment de la mort, en choisissant le bien que nous devenons vraiment libres. Et non l’inverse.

Oui frères et sœurs, pendant tout ce temps de carême, nous vivrons 40 jours de retraite spirituelle et nous nous entraînerons à choisir la vie en toute chose et en toute circonstance, à honorer la vie que Dieu nous donne à tous : la mienne et aussi celle des autres. Cet entraînement au combat spirituel fait penser à cette image de Saint Paul qui compare notre vocation chrétienne à la vocation d’un athlète qui est bien obligé de se donner une discipline sévère en vue de gagner la course et de recevoir la couronne. Or la couronne qui attend nos âmes, la couronne qui nous attend est bien plus précieuse que celle que reçoit un athlète. Il est donc normal que Jésus lui-même nous propose de nous imposer une discipline humaine et spirituelle. Notre âme est promise à quelque chose qui mérite que nous puissions nous nous entraîner. Elle est promise à une vie éternelle dans le bonheur. (Il faut d’abord croire que nous ne sommes pas simplement une matière, un corps qui périra dans quelques années et qu’il n’y aura plus rien après, mais que nous avons une âme, et pour dire les choses de manière juste, je suis une âme qui subsistera au-delà de la mort biologique. C’est quelque chose qui est aujourd’hui attesté par les sciences (même si les philosophes grecs anciens qui réfléchissaient beaucoup l’avaient su et l’avaient dit). En étudiant des dizaines de milliers de récits d’expériences de mort imminente, on a pu établir qu’il y a une conscience même après la mort cérébrale.

Les deux parties de l’évangile de ce dimanche nous redisent les enjeux de notre entraînement au combat spirituel. Dans la première partie, saint Marc nous rappelle que Jésus a été conduit au désert où il a été tenté pendant 40 jours et il précise que c’était juste après son baptême. Cette précision nous dit que notre alliance avec Dieu à notre baptême nous oblige à entrer dans un combat pour le bien et il faut s’entraîner pour ce combat. Pour réussir un combat il faut s’entraîner. La première lecture qui évoque l’alliance avec Noé et l’arc en ciel qui est signe de cette alliance nous rappelle que c’est toute la création qui est concerné par l’appel au choix de la vie que notre carême nous rappelle. Notre salut n’est pas simplement spirituel, il a une dimension cosmique. La terre elle-même aspire à cette vie que Dieu promet et elle est aussi concernée. Plus que pour ceux qui ne sont pas chrétiens, notre devoir de la protéger est un présupposé et une conséquence de notre baptême. D’ailleurs, les signes par lesquels nous recevons les grâces qui nous sanctifient nous viennent de la terre et de la nature : l’eau pour baptiser, le pain et vin pour célébrer l’Eucharistie, l’huile pour fortifier les malades.

Dans la deuxième partie de l’Évangile, Jésus nous redit cette phrase que le prêtre nous a dite mercredi dernier quand nous recevions les cendres sur nos fronts en signe de pénitence : convertissez-vous et croyez à l’évangile. Se convertir c’est accueillir cet appel à aller au désert de son cœur et à faire pénitence : reconnaître ses fautes devant Dieu et devant les autres et demander pardon (Il y a un sacrement qui s’appelle le sacrement de pénitence qui existe toujours et qui met à l’épreuve notre capacité à poser un acte d’humilité). Prier, se priver de quelques plaisirs et faire aumône, c’est une manière de s’entraîner à choisir la vie. C’est une manière de préserver la jeunesse de l’âme en vue du rendez-vous éternel.

Judicaël Mitokpey
18 février 2024