Empêcher la Parole – homélie du 29 mars 2024 – Vendredi Saint

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Empêcher la Parole

Jésus a été exécuté, mis au tombeau : « ouf, Jésus ne parlera plus ! » disent certains au milieu de la foule des pèlerins venus fêter la Pâque à Jérusalem. D’un côté ils ont raison : Jésus commençait à remuer les foules et par petites touches, il ébranlait des convictions nationales et religieuses… pensez donc ! A force d’accueillir les pécheurs et de renvoyer chez eux des gens comme la femme adultère, ne risquait-il pas d’obscurcir dans la conscience du peuple le sens de ce qui est bon et de ce qui est mal ?

Avec lui, le sabbat n’était plus respecté : si on ne laisse plus à Dieu toute la place qui doit lui revenir par le respect de ce jour sacré, où va-t-on ?

Et Jésus lui-même se faisait l’égal de Dieu : si Dieu est aussi petit que l’homme, est-il encore Dieu ? L’autorité, le magistère savent qui est Dieu et ce qu’il attend de l’homme. Il est scandaleux qu’un homme comme Jésus vienne remettre en cause une image de Dieu élaborée pendant des siècles, reçue par toute une tradition. Dieu est présent au monde avec puissance, car il est Dieu ! Tout est dit, rien à rajouter.

Il est donc bon que Jésus se taise… même s’il a fallu pactiser avec Rome pour faire tomber cet homme si difficile à saisir.

Ce sont les mêmes griefs qui continuent de tuer aujourd’hui ; chaque fois que nous nous accrochons à une image figée de Dieu ; chaque fois que nous résistons à la nouveauté du royaume de paix, de liberté, de vie.

Par sa mort librement acceptée, Jésus ouvre à tout jamais nos yeux sur le visage nouveau de Dieu : un Dieu qui aime la vie au point de la faire surgir au matin de Pâques.

André Jobard
29 mars 2024 – Vendredi Saint