Homélie du dimanche 7 juillet 2024

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Les lectures du jour

Chers frères et sœurs, chers amis,

Si Jésus était au milieu de nous ce matin, (bien sûr il est au milieu de nous, dans la communion de cette assemblée réunie qui écoute sa Parole, et qui va recevoir l’Eucharistie qui est son corps) ; mais s’il était au milieu de nous physiquement, et s’il était français, français gaulois, ou français depuis quelques générations, ou encore immigré naturalisé français, bref, si ce 07 juillet 2024 Jésus était parmi nous, il irait voter. Voilà. A César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Je ne vous dit pas pour qui il irait voter. Mais il aurait estimé juste d’accomplir ce devoir citoyen par lequel on choisit de déléguer nos libertés et nos possibilités à ceux qui, à l’échelle de l’état, pourraient agir en faveur d’un plus grand nombre, notamment les plus pauvres. La politique est le lieu par excellence où s’exerce la charité, la justice sociale, et la promotion des conditions qui permettent aux uns et aux autres de s’accomplir. L’évangile indique une boussole, c’est l’option préférentielle pour les pauvres. Les pauvres vous en aurez toujours avec vous, dit-Jésus, il y aura donc toujours à se souvenir avant tout de toutes ces personnes accablées par toute sorte de pauvreté humaine, spirituelle, psychique, et matérielle.

Non je n’ai pas choisi de prêcher sur les élections, mais j’estime que quand on est une famille, on peut se parler de ces sujets d’intérêt général, pour s’éclairer mutuellement. Et l’Église a la délicate mission d’éclairer les consciences avec le message de l’Évangile. Sans une conscience soigneusement formée et éclairée, on ne peut faire de bons choix. Chacun jouit bien évidemment de sa liberté de choisir. C’est pourquoi l’Église ne donne pas de consigne de vote mais elle éclaire les consciences. Voilà pourquoi je disais que l’une des boussoles de l’action politique que suggère l’Évangile, c’est l’option préférentielle pour les pauvres.

Dans l’apparence, tout ceci n’a peut-être pas grande chose à voir avec les Paroles que nous adressent le Seigneur aujourd’hui. Mais regardons Ezéckiel qui nous raconte, dans la première lecture, comment il a été envoyé vers un peuple difficile et désobéissant pour parler de la part du Seigneur. Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, lui dit le Seigneur, ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. C’est à peu près ce à quoi nous sommes tous appeler dans nos choix politiques et sociaux, éclairés par l’Évangile, dans le contexte paradoxal d’un monde plus que jamais globalisé où cependant le repli sur soi et l’enfermement, les revendications identitaires et l’indifférence deviennent une mode et sont perçus comme une solution au besoin de paix, de sécurité et de bien-être matériel. Que l’on nous écoute ou que l’on ne nous écoute pas, on saura qu’il y a des prophètes dans ce pays. Moyennant quoi, nous pouvons comme le psalmiste, garder nos yeux levés vers le Seigneur et attendre sa clémence en faveur de ceux qui sont méprisés. Nous pouvons même être les expressions de cette clémence. Pour réussir cette mission prophétique dans nos familles, dans nos sociétés, le Seigneur dit à chacun comme à Saint Paul « Ma grâce te suffit car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ». Ce n’est pas grave si tu te sens impuissant devant les situations et les temps difficiles qui courent. C’est dans ta faiblesse que le Seigneur agit.

Le seigneur continue sans aucun doute de susciter des prophètes parmi nous. Prophète des temps nouveaux. Le charisme prophétique reçu par chacun de nous au baptême, il le confirme puissamment dans la vie de certains parmi nous, parmi vous. Notre attitude vis à vis de ceux là qui sont comme une étincelle dans la nuit peut être comme celle des gens de Nazareth qui ne peuvent s’empêcher de voir en Jésus ce jeune homme qui fait du zèle et de mépriser sa sagesse et sa parole. Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. A l’opposée, saurons-nous accueillir les signes prophétiques de notre temps? Saurons-nous porter nous-mêmes prophétiquement la Parole d’Espérance et de paix dans une société fracturée? Saurons-nous être des prophètes batisseurs de ponts d’amour et non pas de murs de séparation, mais aussi des défenseurs des droits des pauvres et des marginalisés? Voilà ce à quoi nous appelle notre devoir chrétien et notre devoir citoyen. Que le Seigneur nous y aide!

Judicaël Mitokpey
7 juillet 2024