La flamme olympique de l’amour
A un ami qui me téléphonait hier soir, j’exprimais ma perplexité devant les textes de ce jour pour écrire une homélie. En effet ceux-ci ne sont pas à première vue des plus palpitants, et je ne voyais pas très bien comment les relier à nos vies, à notre actualité. Il me suggéra alors de parler de la flamme olympique ; en effet il avait été captivé par son arrivée au port de Marseille cette semaine, et me disait que peut-être cela intéresserait mes auditeurs. Pourquoi pas ? Mais que dire à ce sujet, et surtout que dire qui ait un lien, même ténu, avec la parole de Dieu proposée aujourd’hui ?
Flamme, dans le vocabulaire chrétien, cela fait penser à Pentecôte, ces langues de feu qui tombent sur la tête des apôtres, mais c’est dimanche prochain. Flamme évoque aussi l’amour naissant entre 2 êtres, la passion pour un métier, une œuvre d’art, c’est aussi l’enthousiasme ressenti par tous les spectateurs massés sur le port de Marseille pour accueillir cette flamme qui va parcourir notre pays en prévision de ce grand rassemblement sportif. Peut-on alors dire que ce passage d’évangile que nous venons d’entendre suscite le même enthousiasme capable de soulever des foules? Je n’irais pas jusque là, et pourtant dans ce qu’on peut qualifier de prière j’ai trouvé aussi un souffle puissant, une réelle flamme intérieure à condition que cette prière soit accueillie comme un testament de la part de Jésus, méditée, susurrée, murmurée, afin qu’elle entre au plus profond de nos cœurs.
Et alors apparaîtra la richesse de ces mots prononcés par Jésus, des mots d’amour, de joie, de vérité, de consécration. Il faut dire que ces paroles, qui ont pu être prononcées par Jésus (mais y avait-il un micro pour les capter fidèlement?), sont surtout le fruit d’une méditation par la communauté des premiers chrétiens rassemblés autour de l’apôtre Jean. Devant les difficultés qu’ils rencontraient dans leur vie, notamment contestation idéologique, persécution, Jean leur rappelait ce que lui-même avait entendu dans la bouche de Jésus au long de toutes ses déclarations ; il avait lui-même été saisi par la puissance d’amour, de compassion que Jésus manifestait à tous ses interlocuteurs. Quand il dit, par exemple, « j’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu » ou bien « pour qu’ils aient en eux ma joie et qu’ils en soient comblés », on perçoit que cette parole a fait mouche dans la tête de Jean, et il le répète à ses auditeurs découragés.
C’est donc un texte à reprendre sans cesse, surtout quand on a l’impression que tout va mal. Un texte qui complète bien l’autre passage de Jean (2ème lecture), où est rappelée la primauté de l’amour, un amour qui nous est donné et que nous avons à déployer dans nos relations humaines. Et dans cet élan je reviens à la flamme olympique qui annonce ces jeux où vont se retrouver des athlètes du monde entier au cœur d’une actualité internationale si tendue. Comment nous, chrétiens, disciples de ce Jésus qui a prié pour l’unité, pourrions-nous nous désintéresser de ce rassemblement ? Bien sûr nous connaissons les limites de cette compétition, les excès en tous genres qu’elle génère, les relents de nationalisme qu’elle suscite. Mais communions à la joie qu’elle procure chez les compétiteurs et chez tous les spectateurs que nous serons, en direct ou par les ondes.
Une belle façon d’accueillir la prière de Jésus, qui est venu pour que nous ayons la joie, la joie du don de soi, la joie de la foi en Lui. Et n’ayons pas peur de porter très haut la flamme (olympique) de notre foi.
André Jobard
12 mai 2024