La foi : un trésor, une perle rare
« Avez-vous bien compris tout cela ? » Ce n’est pas moi qui vous pose la question, comme si vous étiez à une séance de catéchisme, c’est Jésus qui veut savoir auprès de ses amis ce qu’ils ont compris de toutes ces paraboles qu’il vient de raconter au sujet de ce qu’il appelle le royaume des cieux. Vous allez m’objecter qu’en ce dimanche de juillet, en pleine période estivale, notre préoccupation première n’est peut-être pas celle du royaume des cieux.
Et pourtant si nous sommes venus là aujourd’hui, à cette messe, c’est bien parce que nous avons conscience de posséder un certain trésor, une perle rare, images qu’emploie Jésus pour désigner ce royaume des cieux. Nous n’employons pas exactement ce terme, mais plutôt celui de la foi au Christ. Que de fois ne disons-nous pas, et notamment dans les épreuves : « quelle chance que nous ayons la foi ! », sous-entendu comment peuvent vivre ceux qui n’ont pas la foi ? C’est ici qu’il nous faut alors nous demander ce qu’est la foi et comment elle peut être un trésor, une perle fine pour nous : s’agit-il de la simple affirmation des dogmes de l’Église, contenus dans ce que nous appelons le Credo, proclamé chaque dimanche ? Je trouve cela bien terne et peu enthousiasmant s’il n’y a pas derrière ces formules une expérience humaine, un vécu concret.
La réponse à notre question, je la trouve dans cette attitude de ceux qui ont découvert le trésor ou la perle et qui vont vendre tout ce qu’ils possèdent pour acheter leur merveilleuse découverte. Dans le fait de se dessaisir de toutes ses autres richesses, je vois que ce trésor de la foi ne peut se découvrir que dans une certaine pauvreté. Pauvreté, pas seulement matérielle, mais surtout dans ce que nous éprouvons quand nous ne pouvons plus compter sur nos seules forces. A ce moment-là ne reste plus que la confiance, confiance en l’autre, en l’avenir surtout si le chemin de la vie est plongé dans les ténèbres. Un trésor que l’on trouve chez les pauvres, chez tous ceux (peut être nous-mêmes d’ailleurs) qui ont tout perdu. Perte de biens matériels, des récoltes détruites par la grêle, des maisons brûlées par les incendies ou détruites par la guerre. Je pense aussi à un échec professionnel, à une santé dégradée, à l’harmonie familiale compromise ; ça peut être enfin la perte d’un être cher. La foi, la confiance qu’un avenir est possible dans ces épreuves peut alors être une chance extraordinaire, inouïe, qui fait dire avec le psalmiste : « mon bonheur, c’est la loi de ta bouche, plus qu’on monceau d’or ou d’argent. »
Jésus, sur son chemin de vie, a découvert ce trésor de la foi; alors qu’il allait vivre la plus tragique des situations humaines, son arrestation, son dépouillement total, sa mise à mort, il a redit sa confiance en son Père, source de vie nouvelle, manifestée par sa résurrection. Ce que les théologiens appellent le mystère pascal et qui est le centre de notre foi chrétienne, voilà notre trésor que nous allons célébrer une fois de plus dans cette eucharistie, à condition que notre prière rejoigne celle de Salomon, qui ne demande ni la richesse, ni la santé, mais la capacité à discerner le bien et le mal. Et nous croyons que Dieu lui-même à la fin des temps, saura faire le tri en jetant dans la fournaise tout ce qui nous empêche d’acquérir pleinement ce trésor, nos résistances à nous laisser dépouiller de tout ce qui n’est pas vital. Oui demandons la sagesse pour nous concentrer sur l’unique nécessaire, le trésor, la perle fine, ce qui nous procurera la vraie joie.
André Jobard
30 juillet 2023