Tendre la joue – homélie du dimanche 19 février 2023

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Tendre la joue

« Vous donc vous serez parfaits, comme votre Père céleste est parfait » Voilà, ça c’est dit !

Matthieu conclut son 5ème chapitre avec cette parole de Jésus : ce n’est pas une demande de sa part, mais une constatation : « Vous donc vous serez parfaits, comme votre Père céleste est parfait » . Il nous en sait capable.

Ce chapitre 5 commence par les béatitudes : « heureux sommes nous d’être ce que nous sommes : des enfants de Dieu » avec nos joies et nos peines. En tant qu’enfants de Dieu, nous devons être des témoins, ses témoins : des lumières pour les hommes, ce sel qui donne de la saveur à la vie, à l’humanité. Et Jésus annonce le programme : « je ne suis pas venu abolir la Loi et les prophètes, mais l’accomplir » et il nous montre le chemin à suivre et nous explique en détail comment nous devons mettre en pratique la Loi et les prophètes.

« Vous avez appris que…», eh bien « mais moi je vous dis que… », pas pour dire le contraire, mais pour préciser les choses, pour aller au-delà de ce que l’on a envie d’entendre. Quand on prend la première lecture, on entend les mêmes choses que dans l’Évangile : « tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur… Tu ne te vengeras pas… Tu ne garderas pas rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même » : On vous as appris, on vous a dit tout cela, on vous a dit de suivre et de faire tout cela, mais que nous dit Jésus aujourd’hui ?: Il nous demande de déplacer les lignes, d’appliquer ces bonnes paroles non seulement « aux fils de ton peuple » mais également à nos ennemis : notre prochain. Là, il faut avouer que cela devient plus compliqué : « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre » Pas simple ! J’avais entendu comme explication à cette parole de Jésus que si une personne, en face de vous, vous donne une gifle sur la joue droite, elle le faisait avec le revers de la main et que le fait de lui présenter l’autre joue, on s’exposait au plat de sa main qui sert le plus souvent à caresser, qui invite à un geste de tendresse,( d’ailleurs Jésus ne dit pas que l’on recevra une deuxième gifle sur cette joue) : on donne ainsi la possibilité à l’autre de « demander pardon » en quelque sorte. On ouvre la porte au repentir de l’autre.

Toutes ces invitations de Jésus ouvrent en quelque sorte la porte à un mieux, à un meilleur. Faire mille pas de plus : pas pour le plaisir de faire mille pas de plus, mais les faire avec l’autre. « fais-en deux milles avec lui ». « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! Moi, je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent » :

Voilà un an que la guerre fait rage en Ukraine : faut-il couper les ponts des négociations pour autant avec Poutine ? Le choix n’est pas simple, mais s’il n’y a plus de place pour le dialogue : comment fait-on pour trouver une issue ? Il faut priez pour les victimes de cette guerre et également priez pour lui, pour le faire revenir à la raison. Et puis honnêtement, on est pas toujours du bon côté : Pour mes « ennemis », le mot est fort, mais pour mes « ennemis » : je suis moi-même leur ennemi. Est-ce que je peux me regarder dans la glace le matin et me dire que je suis l’ennemi de personne ? Non, sincèrement je ne crois pas !

Saint Paul nous ramène à cette réalité : « Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être sage à la manière d’ici bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu ». Et Audiard de rajouter : « Dieu aime les fêlés car ils laissent passer la lumière ». C’est ce que nous demande Jésus dans cet Évangile : d’être fou pour laisser passer la lumière, cette lumière d’Amour, « l’Esprit de Dieu qui habite en nous ».

Frères et sœurs, nous connaissons le programme : il est simple en somme, à chacun de nous de trouver les ressorts, la force d’aller au-delà de nos peurs, de nos principes, de nos rancœurs et de nos blessures. La semaine prochaine, nous allons entrer en carême, ce sera l’occasion d’avancer un peu plus vers cette lumière.

Écoutons notre cœur, réentendons ces mots de Moïse dans le Deutéronome : « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique ».

Comme je vous l’ai dit au début de cette homélie, Jésus nous en sait capable : « Nous serons donc parfaits, comme notre Père céleste est parfait »

Stéphane Marion, Diacre
19 février 2023