Une erreur de discernement – homélie du dimanche 25 février 2024

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Une erreur de discernement

« Ne porte pas la main sur le garçon. Ne lui fais aucun mal ! » Certains d’entre vous, peut-être nombreux, ont pu être troublés par ce cri de l’ange du Seigneur, le messager du Seigneur. Parce que ce cri aura ranimé une souffrance, celle d’avoir été un enfant battu ou abusé par un adulte, en particulier un père, ou celle de partager la souffrance d’une famille abîmée par de telles violences ou de tels abus, la trahison de l’innocence, ou bien parce qu’ils ont pensé aux enfants victimes il y a plus de 30 ans dans cette paroisse des abus sexuels d’un prêtre à qui ils étaient confiés, ou encore parce qu’ils ont fait eux-mêmes du mal à des enfants.

« Ne porte pas la main sur le garçon. Ne lui fais aucun mal ! » L’épilogue de cette histoire étrange est lumineux. Le Seigneur de tendresse et d’amour, lui dont le psaume rappelle « qu’il lui en coûte de voir mourir les siens », ne peut pas accepter qu’un père fasse du mal à son enfant. Mais quelle étrange attitude que celle d’Abraham qui est prêt au pire ! Que veulent nous dire les auteurs du livre de la Genèse qui ont composé ce récit ? Pourquoi Dieu Père aurait-il mis Abraham au défi ? Dieu n’est pas un tentateur. Nous avons pu le croire quand nous disions « Ne nous soumets pas à la tentation », mais nous avons rectifié avec justesse et nous disons désormais « Ne nous laisse pas entrer en tentation « 

En méditant ce texte avec la communauté CVX, l’un d’entre nous a suggéré une explication. Abraham a cru que Dieu lui demandait de sacrifier son fils. Mais il s’est trompé. Ce n’était pas le souhait de Dieu. Abraham a manqué de discernement. Peut-être parce qu’en Chaldée, son pays d’origine, on pratiquait les sacrifices humains et qu’il n’avait pas encore compris que le Dieu unique pour lequel il avait quitté la Chaldée était le Dieu de la vie. Il a cru que c’était Dieu qui lui parlait. Il s’est trompé. Ce n’était pas Dieu mais le démon, le Malin si malin qu’il sait se faire passer pour Dieu pour faire justifier le mal au nom de Dieu.

Ainsi le texte met le lecteur en garde contre les erreurs de discernement les plus graves celles qui consistent à invoquer Dieu pour faire le mal, en particulier la guerre et ses massacres. « Ne lui fais aucun mal ! »L’Histoire est tristement riche de guerres menées au nom de Dieu. Les chrétiens en ont pris leur part et la prennent encore quand ils voient Satan dans leurs adversaires pour justifier une invasion.

Avant de baptiser un adulte on lui demande s’il est prêt à renoncer au mal. Quand il s’agit d’un nourrisson, on demande plutôt aux parents s’ils sont prêts à l’aider à discerner le bien et le mal et à lui apprendre à chosisir le bien. On demande au Seigneur de lui donner le don de la conscience, cette conscience qui est l’instance suprême de la décision morale, plus haute que les lois, les normes ou la tradition.

Chaque jour nous pouvons renouveler cette demande à Dieu : « Donne-nous une conscience droite. »

Vincent Boggio
25 février 2024