La gratuité de la joie – homélie du dimanche 15 septembre 2019

        La semaine dernière je vous avais dit que j’avais adressé un mail à Dieu, et au Pape pour leur faire part de mon exaspération devant l’avalanche de passages d’évangile dimanche après dimanche, tous très sinistres, appelant à l’austérité et à la mortification. Le pape François m’avait répondu par ce très beau texte intitulé ‘la joie de l’évangile’ ; en revanche rien de la part de Dieu. Sauf, qu’aujourd’hui la réponse céleste est lumineuse, à travers ces lectures, où dominent le pardon, et surtout la joie.

        Oui il est question de la joie, consécutive au pardon qui remet le pécheur dans l’alliance avec son Dieu. C’est vrai pour le peuple Israël qui s’était laissé aller vers des dieux étrangers. Dieu menace de sanctions sévères et finalement, sous la prière insistante de Moïse Il va renoncer au châtiment. C’est encore plus manifeste pour Paul, qui reconnaît sa faute, celle d’avoir persécuté les premiers chrétiens, et qui pourtant a été choisi pour annoncer la bonne nouvelle du pardon.

        Et nous arrivons à ces trois paraboles de la miséricorde de Luc, qui se terminent chacune par la fête, avec ce commentaire donné par Jésus lui-même « je vous le déclare : il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit ». La joie simple de Dieu, semblable à celle du gamin qui a retrouvé sa bille sous la commode. Oui il y a de la joie pour Dieu qui n’est pas exigent : une brebis retrouvée sur cent, ça le met en joie, une pièce sur dix pareillement, quant au fils perdu et revenu, c’est l’explosion de joie.

          Quelle est donc cette joie ? Pouvons-nous l’appréhender dans notre quotidien, que l’on décrit volontiers comme terne ? Très souvent les pauvres savent goûter à cette joie, portant leur attention à ce qui est petit , à ce qui n’est presque rien en apparence, comme c’est le cas pour cette femme qui a perdu sa pièce et va mettre tout en œuvre pour la récupérer. Je pense que c’est la joie que vous pouvez connaître, vous parents, qui accueillez les choix de vos enfants, quels que soient ces choix, et qui restez disponibles pour recevoir des petits signes de leur foi, cette foi qui vous semblait avoir disparu de leur univers. C’est ma joie comme prêtre d’accompagner des personnes sur leurs chemins, même les plus chaotiques, qui avancent lentement mais confiants vers la lumière du ressuscité. C’est une joie qui ne se situe pas sur le registre du succès, de la performance, du résultat, mais sur celui de la gratuité. Tout cela vécu dans la confiance que Dieu lui aussi veut vivre cette joie et va donc faire le nécessaire.

        Il y a de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. Et si nous abordions le sacrement de pénitence sous cet angle-là ? Non pas une démarche humiliante, mais tout simplement l’occasion pour le ciel de se réjouir. Certainement la façon de célébrer ce sacrement devrait conduire à cette joie céleste qui ne sera pas sans retombée sur nous.

        Notre pape François a bien raison : l’évangile peut être une joie. Que notre célébration et surtout toute notre existence soit empreinte de cette joie.

André Jobard

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