Pour vous, qui suis-je ?
Si nous étions à une séance de catéchisme et que je vous demandais qui est Jésus, vous ne seriez pas en peine, j’espère, pour répondre, en vous rappelant ce que vous avez appris tout au long de votre formation chrétienne. Cela ne manquerait pas de belles formules théologiques, mais je ne suis pas certain que nous (c’est-à-dire vous et moi) puissions livrer si facilement ce que représente Jésus pour chacun de nous, au-delà de formules convenues et, avouons-le, sans grand intérêt. Bien sûr nous avons chanté au début de cette célébration qu’il était notre sauveur. Mais qu’est-ce à dire ?
Peut-être nous répondrions comme Pierre, qu’il est le Messie. Mais que mettons-nous derrière ce qualificatif ? Le Messie, c’est celui dont on attend qu’il apporte une solution à tous nos problèmes. Du temps de Jésus, le peuple juif attendait un Messie, essentiellement pour qu’il instaure un régime politique après avoir chassé l’occupant romain. Même si nous ne croyons plus en un système politique à coloration chrétienne, nous aimerions bien que Jésus guide les responsables politiques selon nos attentes, qu’elles soient économiques, sociales, éthiques. D’autre part le Messie c’est pour nous celui qui va démêler un conflit, favoriser la réussite à un examen, donner du travail au chômeur. Ces intentions, toutes plus légitimes les unes que les autres, nourrissent notre prière envers Jésus, et nous savons, comme nous l’entendions dans l’évangile de dimanche dernier qu’il est loin d’être indifférent aux cris des hommes. Pourtant ces dispositions, bien normales, ne permettent pas de traduire ce que doit être une relation vraie avec Jésus, Messie et Fils du Dieu vivant. D’ailleurs si Jésus s’empresse d’interdire aux disciples de divulguer son identité de Messie, c’est bien parce qu’il sait que le risque est grand de se tromper sur celle-ci. Il faudra à Pierre et à tous les apôtres le passage par la croix et la résurrection pour comprendre qui est Jésus.
Qui est Jésus ? Demeure donc entière l’interrogation. Interrogation où chacun de nous est appelé à donner sa réponse. Celle-ci va dépendre de multiples facteurs, que ce soit son éducation, son environnement, ses lectures, ses choix de vie. Il y aura aussi les multiples interférences des événements heureux ou douloureux qui influenceront son lien avec Jésus. Pour ne pas s’égarer sur une fausse idée de son être, il faudra toujours nourrir cette relation de deux façons : par la prière et la méditation de l’Écriture d’une part, et d’autre part par la rencontre avec le prochain, et notamment avec celui qui est en souffrance, dans lequel Jésus s’est reconnu : « j’avais faim et tu m’as donné à manger ». Nous voilà donc appelés à aller au-delà de considérations théologiques, pour entrer par la prière et le service dans la vraie connaissance de ce Jésus, Messie et Fils du Dieu vivant.
André Jobard