Dieu et César – homélie du dimanche 18 octobre 2020

 

Dieu et César

 

        On imagine le petit conciliabule entre les pharisiens qui supportent les Romains comme un mal inévitable et les partisans du roi Hérode qui cherchent à tirer parti de l’occupation romaine. Ils sont de plus en plus décidés à piéger Jésus pour le faire condamner. Ce jour-là l’un d’eux croit avoir l’idée géniale qui obligera Jésus à se dévoiler publiquement comme opposant aux Romains. Que Jésus dise que, non, il ne faut pas payer l’impôt à César, et il ne leur sera pas nécessaire de produire de faux témoignages quand Pilate l’interrogera.

        Dans sa réponse Jésus leur dit, et nous dit, beaucoup de choses.

        1) Il fait savoir à ses opposants qu’ils devraient arrêter de vouloir le coincer par des questions tordues, même quand ils prennent le temps de le mettre hypocritement en confiance, en louant sa droiture religieuse et morale, son exigence de vérité et son indépendance d’esprit. Sa réponse leur montre qu’il sait lui aussi manier le sous-entendu mais leur acharnement haineux ne leur permet pas d’en percevoir la subtilité. Ils sont simplement étonnés de sa réponse qui n’est pas celle qu’ils attendaient pour le faire condamner. Mieux, en leur demandant astucieusement de lui montrer la pièce de l’impôt, Jésus les oblige à sortir de leur poche la pièce par laquelle ils paieront cet impôt qu’ils voulaient le voir dénoncer. L’image de l’empereur, ils la portent sur eux !

        2) Jésus les engage à payer l’impôt sans discuter. Cela devrait gêner ces orateurs modernes qui dans certains pays brandissent la Bible à la tribune mais s’échinent à ne pas payer d’impôt alors qu’ils sont très riches. Ils truompent la Bonne Nouvelle.

        3) Jésus refuse de prendre parti en politique. Bien que son pays soit occupé, il invite à se soumettre au régime en place tant que celui-ci ne prend pas la place de Dieu en se faisant adorer, ce qui ne semble pas avoir été le cas de Tibère, le César de l’époque, et tant que celui-ci n’exige pas du peuple des comportements contraires à la Bonne Nouvelle. Cette liberté de Jésus par rapport à la politique aurait dû depuis 2000 ans ,et devrait encore, faire réfléchir les dirigeants politiques tentés de récupérer Dieu pour faire avancer leurs idées.

        4) Le plus important. Jésus dépasse la controverse en jouant sur la question de l’effigie, de l’image. En substance il dit : « Puisque cette pièce porte l’image de César, rendez-là à César. Mais ce qui est à l’image de Dieu, rendez-le à Dieu. » Or qu’est-ce qui est à l’image de Dieu ? L’homme et la femme. Ils sont à l’image, à la ressemblance de Dieu, nous dit le premier livre de la Bible. Jésus demande à ses interlocuteurs de se rendre à Dieu, de se tourner vers Dieu. Or c’était précisément l’attitude des pharisiens pour qui Dieu est le souci principal et constant. Il les encourage donc dans leur Foi plutôt que dans des controverses inutiles.

        Entendons donc ce commandement de Jésus. « Rendez-à Dieu ce qui est à Dieu. » Posons nos actes non pas par rapport avec ce qu’on va dire de nous, par rapport au politiquement correct mais par rapport à ce que le Seigneur nous demande et que nous discernons en toute liberté. Rendons-nous à Dieu en toute circonstance et payons nos impôts.

Vincent Boggio

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