Un moment à l’écart – homélie du dimanche 28 février 2021

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Un moment à l’écart

 

         « Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmena à l’écart sur une haute montagne ». Aujourd’hui les chrétiens du monde rural, regroupés au sein du CMR, nous emmènent à l’écart, pour nous faire découvrir la beauté de la création et en comprendre son mécanisme. Comme pour les disciples de Jésus, éprouvés par le cours des événements qui vont conduire leur ami à l’échec total, nous avons besoin de ce pas de côté pour continuer notre chemin, alors que notre société rencontre de grandes difficultés liées à la pollution, à l’alimentation, et plus globalement à l’injustice.

         Revenons à ce grand texte de la Transfiguration, et notamment à son contexte. Jésus en effet vient tout juste d’annoncer à ses disciples que le succès rencontré auprès des foules qu’il a enseignées, guéries va tourner court, et que lui-même va être arrêté, jugé et condamné à mort. Et il a beau terminer cette terrible annonce par celle de la résurrection, ses auditeurs n’ont entendu que la perspective de la mort, et pour eux c’est la fin de tout. Ils avaient tout misé sur ce Jésus, ils avaient tout abandonné pour le suivre et voilà l’échec qui se profile. Que faire, vont-ils continuer avec lui, n’est-ce pas peine perdue ? Jésus perçoit cela tout à fait, et pour donner du sens à ce qui apparaît comme un scandale inacceptable, il va faire vivre à ses plus proches l’expérience de cette rencontre lumineuse sur la montagne, lieu incontournable dans la bible de la rencontre avec Dieu. Ce Jésus illuminé, entouré de Moïse et d’Élie, les grandes figures de toute l’histoire d’Israël, annonce le destin qui sera le sien au matin de Pâques, tout enveloppé de cette gloire de fils bien-aimé de Dieu, comme le dit la mystérieuse parole de la nuée. Ainsi le message est donné, celui venant du ciel, venant de Dieu, que ce Jésus qui va être crucifié, (le supplice le plus infamant qui soit) mérite d’être suivi jusque dans la mort pour ressusciter avec lui.

         Il me semble que notre démarche de carême, soutenue par le CCFD-Terre Solidaire, et relayée aujourd’hui par nos amis du CMR, est proche de celle accomplie par les disciples de Jésus gravissant la montagne pour le voir transfiguré. Nous aussi traversons bien des épreuves dans la vie, et actuellement bien des défis se présentent à nous : celui de la santé mise à mal par le fameux Covid, celui du monde paysan qui cherche sa voie au  milieu de nombreuses contraintes, celui de la bonne alimentation pour tous, celui plus global de la faim et des inégalités dans le monde.

         Que des chrétiens nous invitent à réfléchir, à nous documenter, à oser changer nos comportements de consommation, est une bonne nouvelle, une autre forme de transfiguration. Cela nous permet de sortir de ce sentiment diffus que plus rien n’a de sens, que notre histoire humaine va à sa perte. C’est un message d’espérance, à recevoir comme tel. Message diffusé tout au long de ce carême, renouvelant en cela la promesse de vie éternelle donnée à Abraham sur la montagne, et reçue à notre baptême. Nous serons heureux de proclamer à la nuit pascale notre foi en ce Dieu qui nous a donné une belle création à aimer, à comprendre comme le lieu de notre épanouissement à tous pour une vie en plénitude, une vie d’éternité.

André Jobard

28 février 2021