Un tel berger, source d’espérance – homélie du dimanche 8 mai 2022

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Un tel berger, source d’espérance

« Ni le soleil ni la chaleur ne les accablera » ; je ne sais pas si cette parole va être lue aujourd’hui en Inde ou au Pakistan où sévit actuellement une chaleur torride, mettant en danger humains et animaux en les privant d’eau et d’alimentation. Une telle affirmation a de quoi accuser une fois de plus l’Église d’être totalement déconnectée de la réalité. Regardons ce qu’il en est, et surtout comment la Parole de Dieu reçue aujourd’hui peut être source d’espérance pour nos contemporains.

La tendre image du berger dans le texte de l’Apocalypse et dans l’évangile peut effectivement renvoyer à Jésus qui a partagé notre vie, qui nous connaît, qui en donnant sa vie pour nous nous a introduits dans la vie éternelle, celle qu’il partage avec son Père. Comme chacun de nous il a rencontré les difficultés du quotidien, il a subi l’échec, il a souffert, il a été rejeté ; de quoi donner du poids à sa parole qui n’est pas une parole de séduction, de captation, mais une parole authentique, qui peut remuer les cœurs, tout en laissant à chacun la liberté de le suivre ou non. Nous pouvons alors entrer dans une relation très intime avec lui et nous blottir contre lui en toute sécurité.

Après le berger il y a donc ce troupeau, image contestée parfois, laissant entendre qu’il faudrait nier toute différence, toute singularité pour marcher d’un seul pas. Avec le pasteur qu’est le Christ, comme nous venons de le voir, le risque d’une interprétation négative et réductrice de l’image du troupeau est écarté. En revanche le troupeau peut évoquer l’Église toute entière celle que nous formons, une Église qui se craquelle bien souvent dans des luttes intestines, dont les membres, et moi le premier, ont la tentation permanente de rester figés sur leurs positions, et refusent en cela la conversion qu’appelle toute parole de Dieu. Et ce refus de se laisser transformer par la parole de Dieu chez leurs auditeurs, amène Paul et Barnabé à se tourner vers les païens, et à porter le message de Jésus bien au-delà des frontières de religion.

Ainsi le message de Jésus va pouvoir s’adresser à tout homme, toute femme, toute communauté, toute race : plus d’exclusive, plus de conditions morales à présenter pour accéder à cette vie nouvelle inaugurée par la résurrection de Jésus. C’est le Père qui nous engendre à cette vie nouvelle, qui nous ressuscite quand nous écoutons sa voix. Une source d’espérance au cœur des nuits que nous traversons, que traverse notre humanité plongée dans la guerre et qui pourtant aspire à la paix : c’est le sens de la commémoration de ce 8 mai.

N’ayons pas peur d’être agrégés à ce troupeau de brebis, même si les tendances actuelles sont plutôt à la recherche de son confort individuel. Brebis, nous sommes ainsi appelés à donner à notre tour la vie, à faire renaître l’espérance, autour de cet agneau de l’Apocalypse invité à monter sur le trône du pouvoir : nos faiblesses, notre sentiment d’impuissance, notre vulnérabilité, que nous connaissons bien, c’est cela qui donnera l’autorité morale à notre témoignage et soutiendra notre espérance.

André Jobard
8 mai 2022