Allège ton sac à dos
Le Père Claude Gury m’a sollicité pour faire cette homélie ! Je n’ai pas trop compris pourquoi, mais à la lecture de l’Évangile tout s’est brusquement éclairé. Porte étroite! Avait-il remarqué que je devais faire des efforts pour passer ce fameux portillon ?
Parcourant plusieurs années de suite la route pour Compostelle, cette histoire de portillon me revient ; mes amis m’avaient prévenus « Allège ton sac à dos »! (question de poids et de passage de portillons!) Là encore ce portillon… et nouvelle prise de conscience de s’alléger « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas ». Réponse de Jésus à cette question « Seigneur, n’y a-t’il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus ne parle pas de nombre, de quotas. Il nous faut comprendre l’importance de changer de comportement, et le sérieux de l’existence humaine : pour entrer dans la grande salle du festin éternel. Le temps est compté, la porte va se refermer.
Beaucoup vont se presser de passer ce portillon. Gardons en mémoire toutes celles et ceux qui se sont retrouvés bloqués derrière un portillon, une porte, créant la panique et parfois une catastrophe. Jésus semble là, avec sa zapette derrière cette porte, c’est lui qui est à la commande. Arrivés trop tard certains essayeront de se faire ouvrir, en invoquant, qu’ils avaient déjà partagés des repas avec lui, ils étaient fidèles aux prêches de Jésus. « Je ne sais d’où vous êtes ». Ils sont rejetés parce qu’ils ne regardent que leurs propres biens, méprisent souvent leurs prochains. Chercher à entrer dans la cohue, ne sert à rien, sauf à des bousculades meurtrières.
En cette période troublée par tant d’événements : émigrés toujours refoulés, guerre en Ukraine, Moyen-Orient, Afrique, famine en Éthiopie, en Afrique, dérèglements climatiques à répétitions… La liste est longue ! Nul ne sait l’heure. Alors Jésus nous propose un autre mode de vie, mais pour cela il nous faut faire un sérieux tri de notre sac à dos, pour obtenir notre « pass » ! (la pandémie est passée par là!) il nous faut, nous convertir. Cette conversion passe sûrement par l’autre, aller vers les autres, ne sont-ils pas prioritaires pour le portillon ?
Souvenons-nous des paroles de l’Abbé Pierre : « Et les autres, et les autres, et les autres ! » Paroles de notre Pape François, nous invitant à sortir de nos Églises, aller sur le parvis, aller à la périphérie ! A quoi çà sert d’aller prier à genoux devant des églises pour réclamer un statut particulier, pour soi. Les paroles de Jésus ? Elles sont bien actuelles, ainsi que son appel à la conversion. N’ayons pas peur, avançons, essayons d’entrevoir et de participer à la construction d’un monde meilleur, d’une Église meilleure ! La réflexion pour le Synode des Évêques est peut-être un bon début et surtout que notre Pape François veut faire bouger les lignes pour la faire évoluer ! Nous l’espérons tous. Chacune et chacun doit pouvoir trouver sa place, se sentir respecté. Chacune et chacun doit pouvoir se libérer du trop plein de son sac à dos, de tout bien inutile pour aller « aux Noces promises »
Oh, je suis comme bien d’autres, et ce n’est pas de gaîté de cœur que je dois aller revisiter ce sac à dos… pour l’alléger encore ! Alors merci Claude de t’être servi de ta « zapette » pour provoquer cette ouverture, cette réflexion de ce jour.
Patrice Rénahy
21 août 2022