Appelés à devenir enfants de Dieu – homélie du dimanche 25 avril 2021

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Herbe        Appelés à devenir enfants de Dieu

 

         L’image du bon pasteur et du troupeau qu’il conduit sagement est souvent invoquée pour désigner le ministère de prêtre, nouveau pasteur, et c’est pour cela que chaque quatrième dimanche de Pâques l’Église de France invite à prier pour les vocations, entendues comme vocations de prêtres dont la diminution inexorable est durement ressentie et justifie notre prière.

         Pourtant aujourd’hui, en restant sur l’image du troupeau, attiré par une autre brebis, j’ai envie d’être la brebis qui s’égare du troupeau, qui pense trouver de l’herbe verte bien meilleure au-delà de la clôture. En effet j’ai lu avec intérêt la lettre de Jean (notre deuxième lecture) et notamment cette parole « nous sommes dès maintenant enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ». Quelle est donc cette réalité encore cachée au fond de nous, qui sera un jour mise en plein jour ? Ne serait-ce pas ce qu’on appelle la vocation ? C’est-à-dire ce à quoi chacun est appelé à réaliser, ou tout simplement appelé à être pour être conforme à cette dignité d’enfants de Dieu ? En effet en tout homme, toute femme, est tapi l’appel à vivre pleinement son humanité, au-delà des multiples obstacles qui freinent la réalisation de cette vocation d’enfants de Dieu. Je ne pourrais pas les nommer, tellement ils sont nombreux ; généralement la tradition juive puis chrétienne a qualifié ces obstacles de péchés, trop souvent réduits hélas à quelques manquements d’ordre moral, manquements personnels, relations désordonnées ou fausses. Or le péché, dès le livre de la Genèse a été considéré non pas comme une faute morale, mais comme une fuite devant la réalité, comme une volonté de s’affranchir des interdits, pourtant garants de notre liberté. Et ainsi existe le risque de passer à côté de cette responsabilité de construire dès aujourd’hui un avenir qui rende compte de cet appel à devenir des enfants de Dieu.

         A l’heure actuelle notre patience est mise à rude épreuve, par les mesures sanitaires pour faire face à l’épidémie du Covid 19 ; la tentation sécuritaire semble l’unique horizon des choix politiques au détriment d’une volonté de réduire drastiquement les inégalités sociales, sources de tant de conflits dans notre pays et dans le monde. Et ainsi le repli sur soi peut occulter notre vocation et nous priver d’accomplir l’appel à la fraternité et à l’unité. Alors que c’est là, (dans cette recherche de fraternité) et seulement là que se réalise ce que nous devons être pour entrer dans ce monde du Christ ressuscité, le seul par qui nous serons sauvés. En suivant le chemin de Jésus qui a pleinement réalisé sa vocation d’homme, fils de Dieu, nous serons en mesure de le voir tel qu’il est, comme le dit saint Jean.

         Alors seulement nous nous retrouverons à l’aise dans le troupeau qu’il conduit, ne nous laissant pas séduire et détourner de notre vocation par quelques herbes vertes poussant au-delà de la clôture.

André Jobard

25 avril 2021