Au-delà des ténèbres – homélie de l’Aube Pascale – 4 avril 2021

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Au-delà des ténèbres

 

         « Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore ». Cette citation de Georges Bernanos me semble traduire merveilleusement ce qui nous a conduits à nous retrouver ce matin. De désespoirs, de nuits, notre actualité en est remplie : je n’ai pas besoin de dire comment , que ce soit nos soucis collectifs, nos insatisfactions devant les contraintes du moment, que ce soit nos échecs personnels, nos deuils, nos maladies . Tout cela aurait pu nous faire sombrer dans un pessimisme mortifère, si nous n’avions pas la foi en la résurrection. Et celle-ci n’aurait aucun sens si nous n’avions jamais traversé de nuits pesantes, si jamais nous ne nous étions posé la question du sens de notre vie, et surtout du mystère de la mort.

         Traverser la nuit, c’est bien ce que vivent ces femmes qui n’en peuvent plus d’attendre de pouvoir terminer les soins du corps à leur ami Jésus, soins reportés à cause du sabbat où tout déplacement était interdit. Cet ami a subi de violentes tortures, et elles estiment qu’il faut au moins marquer un respect pour ce corps totalement défiguré. Une peine immense les envahit, avec ce sentiment d’injustice, d’échec complet et de culpabilité. Mais au petit matin la nuit va se dissiper et laisser place à de l’inattendu. Oh ! Il ne faut pas s’attendre à du merveilleux, même si la présence de ce jeune homme vêtu de blanc a de quoi surprendre. Ses propos sont plutôt lapidaires et ne semblent pas satisfaire ces femmes, qui s’en vont de là toutes éperdues et craintives : pour une joyeuse annonce de résurrection, on peut faire mieux !

         A moins que ce récit, composé par Marc, dont tout l’évangile invite à la discrétion, nous laisse entrevoir ce qui se passe quand la nuit est finie, quand le jour commence à poindre et que se mettent en place nos projets, nos désirs d’avancer sur des choix à opérer pour un surcroît de vie. Et pour reprendre la citation de Bernanos, et faire le lien avec notre actualité, je crois que la résurrection de Jésus peut nous propulser bien au-delà de ce que nous espérons, de ce que nous redoutons, y compris dans notre façon de vivre ce dimanche de Pâques pas comme les autres. Le ressuscité nous précède en Galilée, sur tous les lieux où nous habitons, où nous souffrons, où nous faisons la fête, avec la chance de le rencontrer en chacun de nos sœurs et de nos frères.

André Jobard

4 avril 2021

 

Fin de l’évangile

« Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient
toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien
à personne, car elles avaient peur. »