Dieu à la recherche des pêcheurs – homélie du dimanche 11 septembre 2022

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Les lectures du jour

Dieu à la recherche des pêcheurs

Que Jésus ait enchaîné ces trois histoires le même jour ou que Luc les ait cousues bout à bout en composant son évangile, peu importe, c’est de la bonne pédagogie, celle qui utilise l’art de la répétition. L’histoire de la brebis et celle de la pièce d’argent sont construites selon la même trame. Celle du plus jeune fils est plus étoffée. Toutes trois illustrent une même séquence : perdre, retrouver, se réjouir. Jésus parle de son Père, de notre Père et de ce que celui-ci ressent lorsqu’un de ses enfants est perdu, éloigné de Lui, et qu’il le retrouve.

Perdre, retrouver, se réjouir. Si ces histoires nous parlent c’est qu’elles nous rejoignent dans notre humanité. Il n’y a plus beaucoup de brebis ni de pièces d’argent dans nos vies. Mais nous nous réjouissons quand un ami nous dit avoir retrouvé le chat qu’il avait perdu, récupéré le portefeuille qu’il avait égaré, et surtout quand il nous raconte que l’enfant qui ne donnait plus de nouvelles est revenu.

Si ces histoires qui rejoignent notre expérience humaine nous disent quelque chose de Dieu, c’est parce que Dieu a créé l’homme et la femme à sa ressemblance. Nous osons croire que ce que nous ressentons rejoint ce que Dieu ressent.

Pourquoi la brebis s’est-elle égarée, comment la pièce d’argent a-t-elle été perdue, pourquoi le jeune fils est-il parti ? On ne sait pas. L’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est l’attitude de Dieu, tour à tour berger, femme et Père. Tantôt il cherche le pécheur quand celui-ci n’est pas trop loin, tantôt il attend qu’il revienne.

Dieu berger, Dieu femme est davantage que miséricorde. Il recherche avec ardeur le pécheur auquel il veut pardonner. La brebis, un pour cent seulement du troupeau, mais un pour cent unique, Dieu berger va la chercher en prenant le risque d’abandonner sans surveillance les autres dans le désert. La pièce d’argent, Dieu femme la cherche avec soin, avec une lampe et un balai. Elle est belle cette image d’un Dieu à plat ventre sous le lit avec une lampe de poche qui cherche le pécheur que nous sommes et qui vaut dix pour cent de sa fortune.

Le jeune fils, Dieu Père ne va pas le chercher. Il ne peut pas. Le fils est parti trop loin et surtout, il est parti librement. Alors Dieu Père l’attend, il le guette, il l’apercevra de loin.

Dieu miséricorde est aussi tendresse et compassion. La brebis retrouvée, il la prend sur ses épaules. Encore une belle image, celle d’un Dieu qui porte sur ses épaules le pécheur que nous sommes. Quant au jeune fils, il est étreint et couvert de baisers.

Dieu de miséricorde et de tendresse, mais surtout Dieu de la joie et de la fête. Un seul pécheur qui se convertit, qui revient à la vie, et Dieu fait la fête dans le ciel avec un veau gras, avec les anges, avec tous les convertis, les Hébreux qui s’étaient écartés du chemin pour adorer un veau en métal fondu, Paul, l’apôtre infatigable qui, avant d’avoir la Foi, avait été blasphémateur, persécuteur et violent. Dieu pardonne même au fils aîné, image des scribes et des pharisiens, trop fiers de leur droiture pour se réjouir du retour de ceux qui peinent à sortir des méandres de leurs égarements.

Nous osons espérer que la joie de Dieu berger, de Dieu femme et de Dieu père préfigure la joie que Dieu amour et miséricorde nous réserve dans son ciel, avec nos amis et nos voisins, quand le pécheur que nous sommes paraîtra devant lui et aura la réponse à la question qui le poursuit toute sa vie : « Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? »

Vincent Boggio
11 septembre 2022