Dieu et la distanciation sociale – homélie du dimanche 7 juin 2020

 

Dieu et la distanciation sociale

 

        Vous avez entendu comme moi chers paroissiens que Dieu descendit dans la nuée et vint se placer auprès de Moïse. Tout de suite je me suis demandé si Dieu en s’asseyant à côté de Moïse avait bien respecté la distance requise pour éviter la contamination par la Covid 19. Vous allez penser en vous-mêmes que décidément ce confinement imposé m’a tourné la tête. En réalité ça m’intéresse beaucoup de savoir que Dieu s’est approché de Moïse ; je le vois bien assis dans notre église, cherchant la place de Moïse et regrettant certainement d’être contraint de se tenir à distance, tellement cela est contraire à son désir immense de se rapprocher de notre humanité, représentée par Moïse. Et c’est ce Dieu au désir si vif que célèbre la Trinité, notre fête d’aujourd’hui.

        Oui la Trinité : les plus anciens d’entre nous ont peut-être le souvenir de définitions bien théoriques sur le sujet : un seul Dieu en trois personnes. Cela suffisait-il à nous faire aimer ce Dieu un peu particulier ? Pour moi c’est toujours resté abstrait, mais heureusement la Parole de Dieu donne vraiment envie de rencontrer ce Dieu, tellement désireux lui aussi de nous rencontrer. Pensez donc : Yahvé, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité. Avec ces mots, que nous devrions sans cesse répéter (en faire l’élément central de notre prière), comment imaginer encore un Dieu lointain, indifférent à la cause des humains, voire même celui qui nous a infligé le coronavirus ? Et les paroles de Jésus dans l’évangile qui rappelle que Dieu a envoyé son fils unique (son unique fils) pour sauver le monde devraient nous combler d’une immense joie. Il est vraiment heureux que pour nos retrouvailles après cette épreuve du confinement et de jeûne, nous ayons droit à cette révélation immense de l’amour de Dieu, un amour vivant entre le Père et et Fils, d’où procède cet Esprit qui habite en nos cœurs.

         Et si cet Esprit d’amour vient habiter en nous, vient faire sa demeure en nous, c’est pour nous contaminer, non pas du redoutable virus mais de l’amour-même qui règne entre le Père et le Fils. D’où la belle exhortation de Paul aux Corinthiens qui appellent à joie, à la paix entre nous. Mais il est un point sur lequel nous ne le suivrons pas, c’est celui l’échange du baiser de paix, du moins pas en ce moment. Mais rien n’empêche d’exprimer dans notre cœur le sincère désir de la paix entre nous. D’ailleurs c’est ce que nous avons tenté de vivre pendant ce temps de confinement ; jamais la solidarité, le souci du faible, de l’isolé n’ont été aussi présents ; il ne faudrait pas que la reprise des activités, le retour dans notre chère église de la Visitation nous fasse oublier toutes ces populations fragiles. Nous avons beaucoup à retenir de ce temps d’épreuve, qui ne fut pas un temps mort. N’ayons pas peur de faire comme Dieu, nous rendre proches les uns des autres, tout en respectant les normes sanitaires du moment. Une belle façon de témoigner de ce Dieu-amour, qui n’est pas réservé aux seuls chrétiens, mais qui est Dieu pour tous.

André Jobard

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