Au petit matin, dès l’aube…
Dans quelques semaines, les chrétiens vont fêter Pâques en proclamant : « le Seigneur est ressuscité ». Et ici à la Visitation, ils se lèveront de très bonne heure pour fêter ensemble, dès 6h, l’aube de ce jour nouveau. Pourquoi un tel empressement ? Que veut dire pour notre monde en proie à des violences extrêmes le fait de la résurrection de Jésus ?
La réponse à cette interrogation, nous la trouvons dans l’attitude des premiers témoins de l’événement, les disciples de Jésus qui ont vu leur ami suspendu à la croix. Pour eux c’était la fin d’un beau rêve, d’une belle histoire. Ils s’en sont retournés à leurs occupations, avec au fond d’eux-mêmes le sentiment d’avoir perdu leur temps et aussi le remord de n’avoir pas beaucoup soutenu leur ami dans l’épreuve. C’est leur samedi saint, ce temps mort où on ne sait plus, où on attend un signe que la vie reprenne au retour de l’aube. Un temps qui pourra être long, très long pour certains, mais qui laissera passer un jour ou l’autre un rai de lumière : l’espoir d’un avenir, une sortie de ce trou noir.
Et si c’était cela qu’ont voulu nous transmettre les premiers témoins à travers les récits d’apparition, une prise de conscience que ce Jésus, qui avait été si amoureux de la vie, si attentif aux personnes, et qui avait tout donné, jusqu’à sa vie, ne pouvait rester enfermé dans les liens de la mort, et son message disparaître complètement. Cette lumineuse prise de conscience a transformé leur vie, comme elle peut transformer la nôtre, si nous mettons notre foi en ce Jésus vivant à tout jamais. Une foi qui nous appelle à retisser nos liens entre nous, avec la nature, avec soi, avec Dieu. Une foi qui nous ouvre un avenir, auquel notre participation aux prochaines élections dans notre pays en sera un des signes.
Avec les femmes qui au matin de Pâques couraient au tombeau de leur ami, courons nous aussi vers ce jour nouveau, dans la foi que désormais tout est possible. Cela vaut bien un lever matinal !
André Jobard
26 mars 2022