#jesuissimonpierre – homélie du dimanche 5 avril 2020 – Les Rameaux (sans messe)

 

        En ce dimanche des Rameaux, chacun lit ou écoute l’entrée de Jésus à Jérusalem sous les vivats de la foule, puis le récit de sa Passion. Ce rapprochement interroge sur le rôle de la foule.

        « Béni soit celui qui vient ! » Et quelques jours après « Qu’il soit crucifié ! »

        Étaient-ce les mêmes qui acclamaient Jésus puis demandaient sa mort ?

        Peut-être. On sait à quel point l’opinion d’une foule est facilement retournée par les rumeurs et les fake news. L’appel au meurtre a alors étranglé les bénédictions et l’allégresse. L’Histoire est riche de telles séquences.

        Ou peut-être pas. Les voix de ceux et celles qui avaient acclamé Jésus ont pu être étouffées par les vociférations des sbires aiguillonnés par les hommes au pouvoir. Les voix de la violence l’ont emporté sur celles de la paix.

        Sur le parcours de Jésus au Golgotha, où étaient donc ses amies et ses amis ? Où aurais-je été moi-même ? Confiné chez moi ? En pleurs, en seconde ligne, derrière les voyeurs ? Honteux derrière un mur ? Hurlant de colère et de désespoir à Gethsémani ? Prostré à la porte du Temple ou dans la synagogue de mon village où je me serais enfui ?

        Le récit de la Passion selon Matthieu abonde en personnages et en postures : Judas, trente pièces d’argent et un baiser, l’anonyme chez qui Jésus célèbre la Pâques, les disciples et leurs yeux lourds de sommeil, Caïphe et ses faux témoins, Pilate et son lavabo, Barabbas le chanceux, Simon le réquisitionné, les bandits crucifiés et haineux, des femmes, nombreuses, qui observaient de loin, Joseph d’Arimathie le fossoyeur empathique.

        Le chemin de croix, exercice spirituel du vendredi saint, consacré par la tradition, illustré dans nos églises, régulièrement revisité* pour aider à la prière, ajoute au récit de Matthieu les chutes de Jésus sous le poids de la croix, la figure de Véronique et la rencontre des femmes de Jérusalem.

        Où aurais-je été moi-même ? Quelle est la figure qui me ressemble ? Un sondage parmi les nouveaux amis de Jésus conduirait probablement à vérifier que beaucoup (la majorité ?) s’identifieraient à… Simon-Pierre. Ce n’est pas la gloire mais c’est un bon début.

Vincent Boggio

* Voir la proposition de notre évêque et celle de quelques paroissiens de La Visitation

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