Jésus reconnu fils bien-aimé du Père – homélie du dimanche 12 janvier 2020

 

        Avez-vous enlevé le sapin et démonté la crèche ? Avez-vous terminé les chocolats et papillotes ? Noël est-il totalement terminé ? Pas tout à fait, les galettes sont encore sur les tables de nombreuses réunions pour nous rappeler l’événement de la venue des mages. Mais voilà aujourd’hui il est question du baptême de Jésus. On pourrait penser, dans la logique qui est la nôtre où les enfants sont baptisés tout-petits, que nous sommes encore au stade de l’enfance de Jésus. Pas du tout, son baptême, il le reçoit alors qu’il est adulte, au moment où il commence son ministère, comme le dit saint Pierre dans la 2° lecture. A tel point que les enfants au caté avaient été l’an dernier surpris qu’on passe si vite du bébé couché dans la crèche à l’adulte recevant le baptême dans les eaux du Jourdain. Il s’agit pour Jésus d’un épisode capital et du même coup capital pour notre foi chrétienne.

        Vous avez peut-être remarqué que le décor de la crèche a été légèrement modifié ; le baptistère a été rapproché de la sainte famille, et placé dans la ligne de mire du vitrail représentant le baptême de Jésus. Oui l’eau coule à flot, l’eau qui va inonder le corps de Jésus, et le ciel se déchire pour permettre à la colombe de descendre sur lui. Le voilà donc au milieu de tout ce peuple qui venait dans le Jourdain auprès de Jean-Baptiste avec le désir de se purifier, de se laver de tout péché, en attendant la venue d’un salut tant espéré. Jésus est là, il se sent très proche de ces gens qui veulent voir plus clair dans leur vie, qui espèrent un mieux pour l’avenir de leur société, et qui prennent un nouveau chemin.

        En demandant le baptême, il se rend donc totalement solidaire de ses frères, comme s’il reconnaissait son besoin de changer lui aussi. D’où le refus de Jean-Baptiste ; il avait bien compris que celui qui se présentait à lui était le sauveur attendu ; il exprime alors son opposition : « tu ne vas quand-même pas t’abaisser au rang des pécheurs ». Jésus insiste et c’est alors que se produit cette expérience bouleversante et que Matthieu (et les autres évangélistes) décrit comme il peut : les cieux qui s’ouvrent, la colombe qui descend, la voix venant du ciel : des images pour traduire l’intraduisible. Et voilà que Jésus est reconnu alors comme le fils bien-aimé du Père, à ce moment précis où il est le plus proche de notre humanité : il n’est pas reconnu parce qu’il aurait accompli des miracles, des actes extraordinaires ; non, mais au moment où il plonge dans notre humanité pécheresse. Y a-t-il une plus grande nouvelle pour nous, de savoir qu’en Jésus nous avons quelqu’un qui partage notre vie, même dans ses replis les plus sombres de notre histoire, et que ce quelqu’un c’est le fils bien-aimé de Dieu ?

        Une belle révélation de ce qu’est notre Dieu et de ce qu’à la suite de Jésus nous sommes devenus : des frères, des sœurs, objet de l’amour de Dieu, appelés à vivre de cet amour en nous rendant proches les uns des autres, en donnant notre vie pour notre prochain et notre lointain. Jésus a donné sa vie pour nous, cela a été son véritable baptême, c’est sa Pâque, c’est le mouvement dans lequel il nous a pris, pour que nous ayons la vie, la vie en plénitude, celle de ressuscités.

André Jobard

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