La foi en la résurrection – homélie du dimanche 28 avril 2019

        Thomas, Saint Thomas, assimilé à l’incrédule, et dans lequel nous pouvons nous retrouver, tellement ce retour à la vie de Jésus paraît impossible. Oui comment prêcher sur la résurrection ? C’est un parent qui me disait dimanche dernier, après avoir assisté à la messe : « la résurrection, tu as encore essayé d’expliquer l’inexplicable », l’air de me dire tu n’as pas été très convaincant. Et j’ai aussi en tête la réflexion d’un enfant de 8 ans qui avait fait remarquer à sa maman pendant une veillée pascale que je célébrais : « c’est pas un petit peu pas vrai ? » Tout cela pour reconnaître la difficulté à parler de résurrection, surtout si on veut prouver une réalité qui dépasse le raisonnement.

        Les 3 lectures de ce matin peuvent nous aider à nous situer sur un autre niveau. Toutes 3 mettent en valeur des faits, qui peuvent être considérés comme des résurrections pour les protagonistes : dans le livre des Actes des Apôtres il est dit ceci : «  beaucoup de signes et de prodiges s’accomplissaient dans le peuple… on amenait des gens malades ou tourmentés par des esprits impurs et tous étaient guéris. » A chaque fois que se produisent ces faits, Pierre prend bien soin d’expliquer que c’est Jésus ressuscité qui accomplit cela. Le beau texte de l’Apocalypse a ces mots qui parcourent toute la Bible et qui vont droit au cœur de tous ceux qui sont plongés dans les épreuves : « ne crains pas, je suis le vivant ! » Enfin l’évangile nous décrit la scène : les disciples sont enfermés dans une pièce, enfermés dans leur chagrin, dans leur remord, après le drame du vendredi saint, où ils n’ont pas fait preuve de courage, c’est le moins qu’on puisse dire, pour défendre leur ami. Et voilà que Jésus apparaît, apportant ce dont ils ont le plus besoin : la paix, le pardon, et leur donnant le souffle qu’il tient lui-même du Père. Un pardon, un souffle, qui va leur permettre de sortir de leur torpeur, et d’aller annoncer cette magnifique nouvelle.

        Et si ce souffle n’était pas retombé ! En effet si nous sommes là encore aujourd’hui, ne serait-ce pas pour reconnaître que la victoire du ressuscité agit dans notre monde ? Bien sûr nous pouvons rétorquer que ce qui domine notre humanité, c’est le mal, la violence, l’injustice ; ce sont des rapports humains totalement faussés. « Regardez la télé, internet, Monsieur le curé, et vous aurez une vue d’ensemble pas aussi belle que vous le dîtes ! » Il est vrai que beaucoup de médias font leur beurre en s’arrêtant sur tout ce qui ne va pas dans notre monde. Pourtant il y a une autre réalité, celle de tous ceux qui se battent pour la justice, pour créer une société plus fraternelle, plus respectueuse de notre sœur nature. Dans nos familles, des pas sont accomplis pour avancer vers une réconciliation après une tension. Des gestes d’amitié, de tendresse, de compassion viennent apaiser ceux qui vivent l’épreuve de la maladie, du deuil.

        Pour voir tout cela il suffit d’ouvrir ses yeux, son cœur, ses oreilles. Il suffit de sortir de ses idées toutes faites. C’est une démarche, et la foi en la résurrection ne peut exister que s’il y a la volonté d’aller plus loin que ses habitudes, son petit confort matériel ou intellectuel. Mais c’est une démarche qui rend heureux, dit Jésus à Thomas. La preuve, nous sommes là aujourd’hui, le cœur rempli de joie. Nos questions sur la résurrection de Jésus peuvent demeurer, car nous n’avons pas de preuve tangible, mais notre foi nous pousse à chercher la vie, qui ne manque jamais de se révéler pour notre plus grande joie.

André Jobard

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