La Foi victorieuse – homélie du dimanche 10 janvier 2021

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La Foi victorieuse

 

         « La victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. » Parole énigmatique, s’il en est, parole entendue dans la 2° lecture, une lecture hélas souvent escamotée, car difficile et très dense comme c’est le cas aujourd’hui. Une parole qui pourra peut-être nous aider à entrer dans le sens de cette fête du baptême de Jésus.

         Le baptême de Jésus, dans notre univers mental de chrétiens selon lequel on baptise les enfants peu de temps après leur naissance, nous surprend car 8 jours après l’avoir contemplé dans les bras de sa maman, le voilà adulte, allant de lui-même vers Jean-Baptiste pour se faire baptiser et chercher le pardon . Comme s’il avait besoin d’être pardonné, lui le fils de Dieu. Voilà une première remarque source d’étonnement. Et si nous relisons le texte d’Isaïe, que de surprises devant des affirmations telles que « « même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, sans rien payer ». Nos économistes, sans être des ultra libéraux n’y comprennent plus. Et toute la suite du texte est de la même veine. Nous constatons donc que ce bel ensemble de la Parole de Dieu, si nous y prêtons un peu d’attention, est très surprenant.

         C’est pourquoi saint Jean a bien raison d’insister sur le rôle de la Foi, source de victoire sur le monde. Notre monde en ce début 2021 est bien déboussolé par tous les maux que nous connaissons. En quoi notre foi peut-elle influer sur la marche du monde ? C’est en cela que l’initiative de Jésus allant se faire baptiser est éclairante. S’intégrant à la foule de ceux qui se reconnaissent pécheurs, il ne se situe pas au-dessus de ses frères en humanité ; avec eux il plonge dans l’eau, un geste préfigurant la mort, et donc la sienne, de laquelle il ressortira vainqueur comme il sort de l’eau. Un signe de résurrection attesté par cette révélation divine avec le déchirement des cieux, l’apparition de la colombe (symbole de la paix) et la voix donnant cette parole étonnante, ô combien réconfortante « tu es mon fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie ». C’est donc au moment où il se fait le plus proche de nous jusque dans notre misère de pécheurs, que Jésus va être reconnu pour ce qu’Il est vraiment : l’envoyé de Dieu, son fils bien-aimé. Appréhendant la réalité de ses compatriotes qui se débattaient dans un contexte difficile, pas meilleur que le nôtre, Jésus nous montre un chemin, un chemin de foi.

         Chemin qui loin de nous éloigner de nos frères, de condamner notre époque, et de nous ériger en juges doit au contraire nous rapprocher d’eux, dans la foi que Dieu peut nous sortir de ce qui s’apparente à la mort. Le baptême de Jésus est un acte de foi de sa part, comme l’est le baptême chrétien, celui que nous avons reçu, celui que nous continuons de donner à des enfants, des jeunes, des adultes. Et cette foi, signifiée par notre baptême doit annoncer au monde qu’il n’est pas perdu, que l’année qui se présente à nous peut être une belle année, et que les rapports entre humains peuvent être autres que des rapports marchands, comme le suggère de façon imagée le prophète Isaïe. C’est notre foi qui peut accomplir tout cela. Et sortant de l’eau de notre baptême, de nos difficultés, de toutes ces petites morts qui jalonnent notre existence, nous pouvons à notre tour être témoins de révélations comme celles qu’a vécues Jésus : le sentiment de la présence du Père qui trouve sa joie en nous (oui Dieu trouve sa joie en nous, tels que nous sommes), et nous sommes ses bien-aimés : réalisons-nous la portée de cette nouvelle fantastique ? La victoire sur le monde de la désespérance, elle est bien là.

André Jobard

10 janvier 2021