La force du témoignage – homélie du dimanche 24 avril 2022

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La force du témoignage

« A Jérusalem, par les mains des apôtres, beaucoup de signes et de prodiges s’accomplissaient dans le peuple ». Ce constat, on aimerait qu’il soit encore d’actualité, et que l’institution Église donne de beaux signes à notre monde qui à l’instar des contemporains de la première communauté chrétienne attend de l’Église une raison d’espérer, une guérison. Reconnaissons que les prises de position de nos évêques (exceptés quelques-uns, dont le nôtre) par rapport au scrutin de ce jour sont plutôt timides, alors que l’enjeu est fort. A la suite de Jésus et de son évangile en effet la fraternité universelle, sans distinction de race, de religion, devrait rester la valeur fondamentale de tout programme politique. Heureusement des chrétiens s’activent pour la justice, l’accueil de toute personne en détresse, la visite aux malades, aux prisonniers, et donnent ainsi un beau témoignage de foi, celui-là même que le ressuscité appelle au soir de Pâques quand il vient à la rencontre de ses disciples.

« La paix soit avec vous ! », tels sont les premiers mots qu’il prononce à l’adresse de ses apôtres, réunis dans cette pièce fermée à double tour de clé, par crainte des juifs. Des hommes complètement traumatisés par ce qui vient de se passer, la mort violente de leur ami, envers lequel ils ont été eux aussi bien timides pour le défendre. Alors, ce mot de paix est vraiment le bienvenu : une paix qui est tout autre chose que l’absence de guerre. Bien sûr actuellement devant les images terribles que nous déversent les médias sur la guerre en Ukraine, nous n’avons qu’un seul désir : que la paix vienne sur ce peuple totalement écrasé par la violence d’une armée.

Mais ce mot de ‘paix’ recouvre bien d’autres réalités. C’est la paix qu’il faut construire sans cesse dans nos relations les plus proches, c’est le pardon issu d’un dialogue en vérité, c’est l’estime des personnes ou groupes sociaux dont on se sent si éloigné, c’est la prière pour libérer notre cœur de tout ressentiment, de toute jalousie. Il s’agit donc d’un engagement, auquel Jésus appelle ses disciples quand il leur dit qu’il les envoie, qu’il leur confie le soin d’aller à la rencontre de l’autre, du différent, de l’opposant politique, de l’étranger. Et cette sortie d’eux-mêmes, de leur torpeur va les ressusciter ; car de même que Jésus est ressuscité parce qu’il a offert sa paix et son pardon, de même nous aussi nous ressuscitons quand nous vivons le pardon.

En ce dimanche de la miséricorde, institué par le Pape Jean-Paul II, et qui est pour nous citoyens français le jour d’une élection importante pour l’avenir de notre pays, comportons-nous en ressuscités, c’est-à-dire en hommes et femmes qui connaissons la chance et la force du pardon. Souhaitons faire advenir un monde apaisé, un monde où au-delà des sensibilités politiques, religieuses, générationnelles, toute personne puisse être considérée comme enfant de Dieu. N’est-ce pas là le plus beau témoignage de notre foi au Christ ressuscité, à l’adresse de notre monde pour le sortir des clivages destructeurs et réaliser ainsi le projet-même de Dieu ?

André Jobard
14 avril 2022

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