La gloire de Dieu – homélie du dimanche 29 mars 2020 (sans messe)

 

        « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ». Voir la gloire Dieu, était-ce vraiment la préoccupation de Marthe, qui n’attendait qu’une chose : retrouver vivant son frère mort depuis 4 jours. D’ailleurs voir la gloire de Dieu, est-ce vraiment notre préoccupation à nous aussi ? En ces temps si particuliers que nous vivons, n’est-ce pas plutôt la fin de l’épidémie que nous attendons, avec l’espoir de passer à côté de la maladie qui peut être mortelle ? Et puis la gloire de Dieu, nos oreilles modernes n’aiment plus trop cette idée, elles préfèrent entendre parler de l’humilité de Dieu, de sa proximité avec notre humanité. Et pourtant ce long texte du retour à la vie de Lazare est un itinéraire de foi vécu par les disciples de Jésus, par Marthe et Marie et par les témoins de l’événement, itinéraire qui précisément les conduira à contempler la gloire de Dieu.

        Précisons d’emblée ce que peut être cette gloire de Dieu. Ne serait-ce pas la réalisation de son projet d’amour, projet qui préside déjà à la création de l’homme, qui sera rappelé sans cesse tout au long de la Bible par les prophètes (comme Ézéchiel qui n’a pas peur d’employer l’image des tombeaux d’où le Seigneur veut nous sortir) ? Projet toujours d’actualité, que la situation présente peut faire émerger. Là où nous nous étions fourvoyés, dans une course infernale à la consommation, dans l’oubli de tous ceux que notre mode de vie laissait au bord du chemin, le méchant petit virus nous place devant notre arrogance suicidaire, et nous impose un retour sur nous-même pour nous rappeler le sens de nos vies. Ce confinement forcé, ce jeûne de toute rencontre, y compris des rassemblements pour fêter Pâques, nous fait entrevoir quelque chose du projet de Dieu. Non pas l’absence de plaisirs, non pas le repli sur soi, mais bien au contraire la découverte de joies simples, de consommation sobre, et d’une solidarité active envers tous ceux qui souffrent de cette situation.

        Notre cœur change, nous pressentons le besoin d’un autre mode de vie, une fois passée la crise actuelle et c’est là que notre foi est appelée, croire que ce changement peut être durable, croire qu’il rejoint le projet de Dieu. Et quand le CCFD-Terre solidaire nous appelle à trouver des solutions à la faim dans le monde, c’est bien un acte de foi qui est ainsi posé. Foi que la gloire de Dieu, elle est pour l’homme, pour qu’il soit heureux. Pour qu’ainsi prenne tout son sens ce leitmotiv du récit de la création : « Dieu vit que cela était bon ».

André Jobard

Télécharger au format pdf