La messe commence
Autrefois la messe en latin s’achevait par « Ite missa est ». Certains traduisaient « La messe est dite » et comprenaient « C’est fait, le rite est accompli, passons à autre chose ». D’autres proposaient « Allez, c’est la mission », autrement dit « La messe commence. » La messe se prolonge par la mission.
« Allons-y, la messe commence ». C’est peut-être ce que l’Esprit Saint soufflait aux Apôtres quand ils sortaient de la chambre haute où ils étaient réunis depuis dix jours. Pendant ce confinement volontaire ils avaient prié, chanté les psaumes et médité les Écritures. Sûrement avaient-ils relu les trois années passées avec Jésus, se répétant les paroles qui les avaient séduits et les signes qui les avaient surpris. Peut-être avaient-ils osé commenter ces paroles, se pardonner mutuellement, fractionner le pain, se laver les pieds les uns les autres. Ce faisant ils avaient ébauché une liturgie nouvelle. Ils auraient pu se satisfaire de cette pratique au sein d’une petite communauté sympathique qui rénovait le culte de leurs ancêtres. Mais l’Esprit leur a fait comprendre que ces nourritures spirituelles nouvelles les conduisaient à sortir pour annoncer au monde Jésus, l’amour et la Résurrection.
« Que la messe commence à nouveau ». C’est ce que les chrétiens se disent joyeusement en ce moment. Ainsi, ils expriment non seulement le besoin de retrouver la communauté dans laquelle la Parole et le Corps du Christ les nourrissent, mais aussi le désir de voir leur mission renouvelée. Celle-ci est aiguisée par la relecture de la pandémie. L’orientation préférentielle séculaire de la mission vers ceux qui gémissent se double désormais d’une orientation vers la création qui gémit à son tour. L’encyclique de François, Laudato si’, cinq ans déjà, conjugue ces deux orientations dans l’écologie intégrale, respect de la nature associée au partage équitable des richesses. Elle enjoint les chrétiens à être en première ligne dans ce double combat proposé à tous les hommes de bonne volonté. Une nouvelle messe commence.
Vincent Boggio