La Trinité : un Dieu proche de nous

On prête volontiers au chanoine Kir, ancien maire de Dijon, une répartie célèbre à ses adversaires politiques qui contestaient cette histoire de Trinité. Ils ne comprenaient pas comment en additionnant 1+1+1 cela pouvait faire encore 1. Alors il leur lança cette démonstration sans appel : 1x1x1, cela fait toujours 1. Joli tour de passe-passe, avouons-le. Toujours est-il qu’il peut nous aider à entrer dans ce dogme de la Trinité, construction intellectuelle des premiers siècles pour découvrir quel est ce Dieu que Jésus nous a révélé. En passant de la pure addition à la multiplication, le chanoine Kir nous rend service car il fait apparaître la notion de mouvement : il ne s’agit plus d’une juxtaposition de 3 entités, mais un échange entre elles. Et il me semble que nous avons là le cœur de ce que peut être la Trinité. Les lectures de ce jour nous l’ont confirmé.

Dieu, il n’est pas perdu dans les cieux, il est tout près de nous, il est avec nous. C’est ce qu’avait compris le vieux Moïse, la veille de sa mort. Il regarde toute son histoire, celle de son peuple, et que voit-il ? Dieu les a accompagnés, il a eu souci d’eux, il les a libérés, il a mis d’énormes moyens pour cela, y compris cette traversée extraordinaire de la mer rouge. Un Dieu proche, c’est aussi ce que nous présente Jésus, fils de Dieu, dont les derniers mots sur terre, seront ceux que nous venons d’entendre : « je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »

Voilà la façon dont nous est présenté Dieu, non un être lointain, indifférent à l’histoire humaine : au contraire, c’est un être qui aime, qui veut entrer en relation, qui s’intéresse à ce qui nous apportera le bonheur, à tel point qu’on a pensé qu’il ne pouvait pas être seul ; même s’il y a un seul Dieu, Dieu est une famille, c’est cela la Trinité.

Cela dit, nous pouvons relire notre actualité avec un œil neuf. Sans dire que tout est bien dans le meilleur des mondes, célébrer Dieu Trinité, Dieu relation d’amour entre le Père et le Fils dans laquelle nous sommes introduits par le saint Esprit, c’est avancer sur notre chemin de vie dans la confiance que rien n’est perdu, que nous n’avons plus à avoir peur, comme le dit saint Paul, puisque nous avons reçu un Esprit qui fait de nous des fils. Quand les événements, la violence, la météo, les ruptures nous font craindre le pire, quand nous doutons sur l’attitude à adopter en présence de choix difficiles, quand la fraternité est mise en sommeil par la compétition, par le chacun pour soi, tournons notre regard et notre cœur vers ce Dieu si proche qui nous appelle, qui nous dit sa confiance, et qui nous relance sur la route de la vie, dans l’engagement pour vaincre la misère, la solitude, l’exclusion.

Et pour reprendre l’expression du chanoine Kir, je dirais que la Trinité peut englober encore beaucoup de monde, puisqu’en se multipliant le résultat sera toujours un, un en Christ, un animé par l’Esprit, un dans l’unité du genre humain.

André Jobard

30 mai 2021