Le cœur tout brûlant – homélie du dimanche 26 avril 2020 (sans messe)

 

        « De quoi causiez-vous tout en marchant ? – Comment, tu n’es pas au courant ? Tu ne regardes pas la télé, les réseaux sociaux, tu n’écoutes pas la radio, tu n’as jamais entendu parler du coronavirus, tous les magasins et les écoles fermés, les gens obligés de rester chez eux ? Et nous qui pensions qu’avec les formidables progrès de la médecine, de la technologie nous pourrions éradiquer ce méchant petit virus en quelques jours, et continuer de vivre comme si de rien n’était. Quelle désolation ! »

        Vous avez reconnu dans ce dialogue celui engagé sur le chemin d’Emmaüs avec un certain Jésus qui vient faire route avec ces deux marcheurs. Dialogue qui est aussi le nôtre, dans lequel nous pouvons exprimer notre désarroi devant cette pandémie, que nous avons tant de mal à maîtriser, qui fait mourir, parfois des êtres très proches, et qui va mettre à bas notre économie. Situation à laquelle nous pensons peut-être que Jésus est indifférent, ou pire encore qu’Il en est l’origine, voulant punir nos sociétés modernes qui l’auraient relégué loin de leurs préoccupations.

        Cette pérégrination de Jésus avec les pèlerins d’Emmaüs nous fait entrer dans la dynamique du plan de Dieu depuis les origines (c’est le recours aux Écritures), plan qui trouve sa réalisation totale dans la mort de Jésus. Comme les disciples et tous ceux qui l’ont fréquenté, nous pourrions croire que sa mort est la fin de tout, la fin d’un beau rêve, comme nous pourrions penser que la situation actuelle est la fin d’une civilisation, entraînant dans sa chute la violence, des destructions, la mort.

        « Reste avec nous, car il se fait tard ! » si nous Lui disions cela dans notre prière ! Si nous l’invitions à notre table pour partager avec nous le repas du réconfort ! Même si les circonstances actuelles nous empêchent de vivre l’eucharistie (qui est la reprise de l’expérience du chemin d’Emmaüs), il est toujours possible de relire avec Jésus quelques passages de la bible, de l’évangile et de lui dire notre confiance. Confiance en lui, en Dieu son Père capable de nous conduire à un renouveau dans notre vie. Il ne manquera jamais de se révéler comme vivant chaque fois où nous vivrons un partage authentique d’écoute, d’amitié, de compassion avec nos frères et sœurs ; n’est-ce pas d’ailleurs ce que nous expérimentons en ce moment ? Et alors notre cœur sera tout brûlant de cette présence et nous donnera l’audace de proclamer sa victoire sur la mort, qui est aussi notre victoire.

André Jobard

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