Le sacrement de la tendresse – homélie du dimanche 11 avril 2021

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      Le sacrement de la tendresse

 

       Jésus a commencé son ministère en s’adressant à des foules et en accompagnant sa Bonne Nouvelle de guérisons qui disent sa tendresse et celle de son Père pour les malades. Puis il s’est attaché à former et à instruire une petite communauté qui fasse vivre son message quand il serait retourné à son Père. Il voulait que ses disciples s’affermissent les uns les autres dans la Foi comme il l’a demandé à Pierre : « Pierre, quand tu seras converti, affermis tes frères ».

        La petite communauté primitive a commencé dans la peur, enfermée dans un lieu verrouillé. Libérée par l’Esprit-Saint à la Pentecôte, elle s’est multipliée dans l’unité : « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme. »

        Bien longtemps après, bien loin de Jérusalem, et bien différemment, nous essayons de prolonger et d’actualiser à La Visitation cette communauté unie dans une Foi issue de la Résurrection du Christ.

        Au quotidien, chacun vit sa mission de baptisé à sa façon, selon son histoire, sa place dans le monde et ce que lui dicte sa conscience.

         Mais nous aimons nous retrouver pour entendre ensemble la Parole de Dieu, partager le Corps du Christ et proclamer notre Foi commune dans le Credo. Même si nous n’adhérons pas tous avec la même intensité à chacun des articles de ce texte qui a traversé les âges, même si certains préféreraient dire « le Père plein de tendresse » plutôt que « le Père tout-puissant », même si d’autres se contenteraient de crier leur Foi comme Thomas « Mon Seigneur et mon Dieu ! », la proclamation du Credo à l’unisson nous affermit les uns les autres.

        Aujourd’hui, après le Credo, onze d’entre nous, onze comme les Apôtres après la Résurrection, Gisèle, Geneviève, Michelle, Liliane, Monique, Janine, Micheline, Espérance, André, Philippe et Pierre reçoivent l’onction des malades, le sacrement de la tendresse de Dieu. Ils ne sont pas en fin de vie. Ils souffrent de maladies chroniques sérieuses, parfois en rémission, parfois évolutives, ou constatent que leurs capacités motrices ou sensorielles se dégradent, rendant leur vie plus difficile malgré leurs patients efforts de rééducation et d’adaptation et malgré l’accompagnement et l’aide de proches et d’amis aimants. A la souffrance du corps s’ajoutent l’inquiétude due à l’incertitude du pronostic, l’attente des résultats des examens, les effets aléatoires des traitements. Ils attendent de cette onction d’huile sainte une force pour continuer à vivre, une paix pour les moments d’inquiétude, une sérénité pour se préparer à une fin de vie que l’on espère éloignée.

        Certains désiraient cette onction depuis longtemps mais ont choisi d’attendre que cela soit possible avec d’autres, au sein de leur communauté de Foi, comme les enfants qui souhaitent communier pour la première fois préfèrent attendre de pouvoir le faire avec d’autres, entourés de leurs familles.

        En acceptant de se reconnaître vulnérables avec humilité et sans ostentation, ils font profiter la communauté de leur démarche de Foi, acte de confiance et de fidélité. Ils disent à tous que, malgré la maladie ou le handicap, ou plutôt avec la maladie ou le handicap, ils gardent le cap vers Dieu. Merci à eux, merci à elles, de leur témoignage qui nous affermit dans la Foi.

Vincent Boggio

11 avril 2021