Suivre Jésus et passer nos jours dans la joie – homélie du dimanche 4 septembre 2022

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Suivre Jésus et passer nos jours dans la joie

« Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants ! », quel beau programme et c’est vrai que nous sommes heureux de chanter. J’ai aimé retenir cette merveilleuse prière du psaume 89: après avoir lu l’évangile que nous venons d’entendre, nous pouvons nous enfermer dans une tristesse sans fond, puisqu’il est question de porter sa croix et de marcher ainsi à la suite de Jésus. Non pas qu’il faille édulcorer l’exigence émise par Jésus, mais la replacer dans le message central de notre foi, pour en faire une vraie bonne nouvelle.

Alors que nous pouvons déjà déplorer le poids trop lourd de nos vies, avec ses échecs, ses maladies, ses tensions, ses morts, Jésus en rajoute une couche en nous proposant de porter notre croix, avec lui, derrière lui. Aurait-il donc le désir de nous faire souffrir, à la manière de gourous peu scrupuleux et volontiers aliénant la liberté de leurs sujets ? Si jamais une telle pensée nous effleurait, les deux petites paraboles sont là pour rappeler cette liberté que Jésus laisse à ceux qui, séduits par son charisme, seraient tentés de le suivre sur un coup de tête. Le suivre suppose de bien réfléchir à cet engagement et de choisir avec discernement : personne ne doit être obligé de le suivre : pas de contrainte ni physique, ni morale. Et par exemple suivre Jésus, pratiquer la religion chrétienne ne doit pas être un devoir de reconnaissance envers nos parents qui nous ont éduqués dans cette foi.

D’où mon refus d’entendre l’expression ‘porter sa croix’ comme une attitude de résignation : une spiritualité un peu faussée a pu le promouvoir. Le mot ‘porter’ dans son sens véritable, c’est prendre en mains, se saisir, comme on prend un objet pour en garder la maîtrise. Quand Jésus nous invite à prendre nos croix, c’est une façon pour lui de nous dire « prends la croix, le symbole de la plus grande défaite, de l’échec, de la souffrance, de la mort, porte ta vie marquée par ces croix, prends-la dans tes mains, ne fuis pas cette réalité en te réfugiant dans le déni, dans le rêve, dans des promesses illusoires. Sois le porteur souverain, triomphant de ton destin de créature mortelle, comme moi j’ai porté ma croix dans la montée au calvaire. » Avec ces mots nous ne sommes plus sur le registre de la résignation, nous sommes sur un chemin de vie nouvelle, avec en toile de fond les béatitudes : « heureux les pauvres, heureux les assoiffés de justice, heureux ceux qui pleurent », heureux ceux qui comme Jésus donnent leur vie pour les autres, et savent reconnaître jour après jour les signes de ce bonheur comme le chante le psaume. Oui, Seigneur rassasie-nous de ton amour au matin, Que nous passions nos jours dans la joie et les chants ! Un beau programme d’année !

André Jobard
4 septembre 2022