Tous prêtres
Vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles, que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus » Est-ce aux prêtres que s’adresse saint Pierre en ces termes dans la lettre de ce dimanche ? Non, mais à tous ceux qui ont mis leurs pas dans ceux de Jésus. Et pourquoi leur attribue-t-il ce nom de sacerdoce, réservé dans notre mentalité aux seuls prêtres ordonnés ? Parce que dans leur vie quotidienne, ils réalisent ce qui dans le peuple juif était la fonction des prêtres, investis pour être les médiateurs de l’alliance entre Dieu et son peuple. Depuis la venue de Jésus, qui a offert sa vie par amour pour notre humanité, toute vie donnée à sa suite devient cette offrande spirituelle comme dit saint Pierre, une offrande que Dieu pourra accepter.
Voilà de quoi donner du poids à nos existences, qui si elles sont tournées vers le service du frère à la suite de Jésus, deviennent le culte qui plaît à Dieu. Et en employant l’autre image « soyez les pierres vivantes qui servent à construire le temple spirituel » saint Pierre semble par là mettre en second le temple matériel, nos églises ; bien sûr elles sont nécessaires, et ici à la Visitation, nous apprécions son existence, qui nous permet de belles rencontres et célébrations. Mais Pierre nous propulse vers le cœur de notre foi, qui est de prendre par toute notre vie, même la plus humble, le chemin de Jésus, lui qui se définit comme tel, et comme la vérité et la vie (évangile du jour).
En ces temps de confinement et de jeûne eucharistique, où ont abondé les initiatives de solidarité, de fraternité, de compassion, comment ne pas reconnaître qu’ a été célébré ainsi le culte véritable, à savoir l’offrande de nos vies à la suite de Jésus ? Depuis nos habitations, nos milieux de vie, chacun de nous a pu vivre cette mission. N’est-ce pas déjà une démarche eucharistique par excellence ? Cet épisode de privation du culte, de la messe nous aura permis de retrouver le sens de l’eucharistie (rappelé le jeudi saint par le lavement des pieds), où Jésus se donne à nous pour que nous nous donnions à nos frères. Même s’il nous tarde de nous retrouver dans la joie, rendons grâce dès maintenant pour cette vie donnée au cœur de l’épreuve par tant et tant d’hommes et de femmes de bonne volonté. Et surtout réjouissons-nous : c’est le culte qui plaît à Dieu.
André Jobard