Y a-t-il encore la foi sur la terre ? – homélie du dimanche 20 octobre 2019

        Mercredi dernier se tenait à la paroisse une réunion des informaticiens, à la quelle je devais en tant que curé participer, puisqu’il s’agissait de penser à l’évolution de l’outil informatique du secrétariat. Légèrement étranger à cette réalité, j’ai écouté avec ébahissement les termes employés par des gens très compétents, du style ‘HDMI ? RJ45 ? NAS ? OVH ? CSV …’, et en rentrant chez moi, je trouve inscrite sur mon ordinateur l’injonction de ‘désimlocker‘ mon mobile sous peine, sévère peut-être. Vous devinez mon trouble face à cela, avec cette question qui me taraude :quel sera l’avenir de nos sociétés de plus en plus soumises à l’emprise du numérique ? Sans pour autant lier leur évolution à une question de foi, j’en venais à penser comme Jésus « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

        Dans un premier temps nous pouvons nous demander pourquoi Jésus pose cette question. Ne traduit-elle pas une certaine angoisse sur son avenir, sur les risques encourus par lui et ses amis en montant à Jérusalem. D’ailleurs ces derniers vont-ils tenir bon dans l’épreuve ? Je vois dans ce trouble de Jésus la profondeur humaine dans laquelle s’est enfoui le fils de Dieu ; il n’a pas triché avec les lois de notre humaine condition, il n’a pas fait semblant d’être homme ; il est des nôtres.

        Et de ce fait, il sait que nous sommes perplexes devant la chute brutale de l’emprise de la religion dans l’opinion, et notamment chez les jeunes : de moins en moins de baptêmes, de mariages, d’enfants au catéchisme. Il sait que les temps sont difficiles pour beaucoup de nos contemporains, que la guerre continue dans le monde, que la menace terroriste est toujours là, que nous n’avons pas la conscience tranquille d’abandonner les populations kurdes, etc…et que la tentation est grande de baisser les bras, ou de nous réfugier dans la consommation ou les loisirs. Qu’en est -il de la foi dans un tel contexte ?

        Un commencement de réponse, nous l’avons dans les lectures de ce jour, qui parlent de la nécessité de tenir bon dans la prière. Même si nous pouvons être fatigués, comme Moïse tenté de baisser les bras,il nous faut tenir bon comme cette veuve de l’évangile qui ne se décourage pas devant le mépris du juge, et demeurer ferme, comme le recommande saint Paul à Timothée. Une prière que nous pouvons ressentir comme inutile, comme inefficace : depuis le temps que dans les prières universelle on prie pour la paix et que rien n’arrive ! C’est vrai, le silence de Dieu peut apparaître comme très pesant. La prière a le mérite de manifester notre désir d’un changement, d’une volonté de vivre, et de bien vivre. A travers elle nous cherchons un peu de lumière au cœur des ténèbres de nos existences, et elle nous associe à tous les priants du monde entier. Par elle nous ne sommes plus seuls devant nos problèmes, et elle manifeste notre confiance que quelque chose peut changer dans notre vie.

        J’ai employé le mot ‘confiance’, le même mot que foi. Par la prière, la nôtre, celle de tous les contemplatifs qui se relèvent la nuit pour prier, par la prière des pauvres qui n’ont qu’elle comme baume sur leur cœur endolori, nous donnons la réponse à Jésus, nous lui disons que s’il revient maintenant, il trouvera la foi sur la terre.

André Jobard

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